Royaume-Uni : des chrétiens britanniques s’inquiètent de la proposition de loi contre terrorisme et extrémisme

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Des chrétiens britanniques s’inquiètent au Royaume-Uni : la proposition de loi du gouvernement britannique intitulée « Extremism Disruption Orders » et visant à lutter contre le terrorisme pourrait transformer la simple profession de foi chrétienne en délit pénal.
 
C’est en tous cas ce qu’affirme un important théologien anglican, ancien avocat britannique.
 
Lors des élections générales tenues début mai, le parti des Conservateurs de David Cameron avait proposé de lutter contre le terrorisme et les prétendus « discours de haine » qui « incitent à la violence », quand bien même seraient-ils légaux… Une proposition publiquement soutenue par le secrétaire d’Etat Theresa May, qui l’avait évidemment justifiée par le terrorisme de l’Etat islamique ou de Boko Haram.
 

Pour le révérend Mike Ovey, la proposition de loi est un « désastre » pour les chrétiens britanniques

 
Le terrorisme islamiste inquiète sans doute le révérend Mike Ovey, principal de l’Université de théologie de Londres, un séminaire pour l’Eglise d’Angleterre, mais la proposition des Conservateurs plus encore. Il a qualifié le projet de « désastre » pour les fidèles et toutes les religions.
 
Pour cet homme, la proposition de loi pourrait inclure une définition très floue de ce qui constitue un délit ou une offense raciste, et criminaliser ainsi de nombreux discours religieux.
 
Cette loi pourrait notamment frapper de plein fouet les écoles chrétiennes qui délivrent un enseignement religieux à leurs élèves.
 
Dire que Jésus est le fils de Dieu pourrait sembler offensant pour d’autres religions, et par conséquence contraire aux « valeurs britanniques » explique-t-il. Il serait facile également de lier abusivement l’enseignement chrétien sur l’avortement et les actions violentes menées par certains activistes provie. Le résultat serait l’interdiction de toute opposition à l’avortement, quand bien même le discours serait pacifique et légal.
 

La lutte contre le terrorisme et l’extrémisme pourrait entraîner l’interdiction de la profession de foi des chrétiens au Royaume-Uni

 
« Ils vont répondre que ce que je dis est tiré par les cheveux et n’arrivera jamais » note le révérend Mike Ovey, mais il insiste : « C’est essentiellement un gouvernement qui vous demande de lui faire confiance sur la question des libertés civiles. Je voudrais dire franchement que l’expérience nous prouve que la dernière chose à faire est de faire confiance à un gouvernement sur la question des libertés civiles. »
 
Le chancelier de l’Echiquier George Osborne a clairement affirmé que le but de cette nouvelle loi est d’« éliminer l’extrémisme sous toutes ses formes » en se concentrant sur ceux qui « répandent la haine sans enfreindre la loi ». Les exemples donnés par Osborne ont de quoi inquiéter, puisqu’il pointait les discours « de haine » contre des personnes en raison de leur religion, leur orientation sexuelle, leur genre ou leur handicap. L’occasion de se souvenir que l’opposition au « mariage » homosexuel avait été qualifiée de « discours de haine » par bien des hommes politiques…
 
Le danger vient du flou de la loi puisque personne ne sait ce que signifient les « valeurs britanniques » qu’elle entend défendre.
 
De son côté, le directeur de l’Institut chrétien Colin Hart fait part des mêmes craintes, et insiste : cette proposition met la liberté d’expression en danger. « Le remède est pire que la maladie », commente-t-il sans détour.
 
Les lois existantes permettent d’ailleurs déjà la persécution des personnes qui osent proclamer haut et fort la Vérité.
 

Un ermite catholique accusé de harcèlement pour avoir dit la vérité deux fois de suite…

 
C’est ce qu’a récemment découvert le frère Damon Kelly, un ermite catholique de 53 ans, accusé de harcèlement. Cet homme a été arrêté au moins dix fois depuis qu’il distribue des tracts contre l’avortement ou l’homosexualité. Il n’avait jamais été poursuivi, et rien n’avait pu être retenu contre lui dans les tracts distribués. La raison est simple : le moine pointe toujours le péché, jamais les pécheurs, fidèle à l’enseignement catholique.
 
Mais il y a peu, il déposait un tract dans la boîte aux lettres de deux femmes Américaines, qui se décrivaient elles-mêmes comme des « sorcières lesbiennes ». Ces deux-là l’ont suivi dans la rue avant de discuter avec lui.
 
Quelques semaines après, le frère Damon Kelly décide de retourner informer ces deux femmes des dangers de la sorcellerie et dépose donc un deuxième tract. Ce qui a immédiatement fait de lui un auteur potentiel de harcèlement. Le fond, intouchable, n’est plus en cause, le frère est mis en cause sur la forme.
 
Mais il s’inquiète du passage de la loi anti-terroriste qui pourrait le mener devant les tribunaux en raison des tracts eux-mêmes. Nullement pas soutenu par son évêque, qui affirme être d’accord avec lui théologiquement mais non méthodologiquement, l’ermite est prêt à aller en prison pour avoir dit la vérité. Ce qui l’inquiète n’est pas là : il ne sait pas s’il sera possible de continuer à professer la vérité sans risquer systématiquement la prison…
 

Béatrice Romée