20 juin 2015, quinzième Journée mondiale des réfugiés. Jamais le nombre de personnes déracinées, déplacées n’a été aussi fort, aussi grand, aussi important. Aujourd’hui, ce sont en effet près de 60 millions de personnes qui sont des réfugiés, qu’elles soient expatriées, déplacées, demandeurs d’asile, ou, tout simplement, si cela signifie quelque chose, apatrides. 60 millions ! c’est un peu comme si tous les habitants de notre pays, tous les Français, se retrouvaient jetés sur les routes du monde…
Instituée, comme tant d’autres, par l’ONU, en 2001, à l’occasion du cinquantième anniversaire du Haut Commissariat des Nations Unis pour les réfugiés et la Convention sur le statut des réfugiés, à la date qui était déjà celle, choisie par l’Organisation de l’unité africaine, de la Journée du réfugié africain, cette journée vise à mobiliser la communauté internationale en faveur de tous les miséreux que les guerres et autres conflits ont contraints à quitter un jour leur pays.
Près de 60.000.000 de réfugiés
Louable intention, mais qui est très loin de n’avoir qu’une seule portée humanitaire. A ce niveau-là, il y a des considérations politiques, économiques, etc. sur lesquelles personne ne peut, raisonnablement, faire l’impasse. On ne peut, en effet, considérer le mouvement de dizaines de millions de personnes en multipliant autant de fois qu’il est nécessaire la compassion que l’on exprime en croisant, un soir, un seul de ces miséreux. Sous peine d’aboutir à quelques situations, plus inhumaines encore s’il est possible…
Louable intention, mais qui doit faire face à des tragédies dont la réalité et les chiffres explosent. Syrie, Irak, Soudan du Sud, Erythrée, Libye, bande de Gaza, République démocratique du Congo, Cameroun, Nigeria, Ukraine, etc. dans tous ces pays, et dans combien d’autres, la misère multiplie les victimes.
Selon les chiffres du Haut Commissariat pour les réfugiés, l’année dernière, ce sont 40.000 personnes supplémentaires qui, chaque jour, ont dû fuir leur maison dans leur propre pays, soit, au final, un total de 38 millions de personnes déplacées. A cela s’ajoutent les 19 millions de personnes (dont la moitié d’enfants…) réfugiées dans un autre pays, et 2 millions en attente de voir aboutir une demande d’asile.
Depuis janvier 2014, l’Aide à l’Eglise en Détresse a déployé plus de 10 millions d’euros en faveur de ces victimes, dont les chiffres se multiplient sans qu’on parvienne à les résorber. Selon Marc Fromager, directeur de l’AED, ils devraient continuer, malheureusement, à progresser : « Ces chiffres effarants ne sont malheureusement pas destinés à diminuer. Avec la poursuite de la guerre au Moyen-Orient et la crise des migrants en Méditerranée, pour ne citer que ces deux cas, il est plus que probable que le nombre de réfugiés va exploser dans les années à venir. »
Une journée mondiale… Et puis ?
Il est donc grand temps que les responsables politiques, dans nos pays, en prennent la réelle mesure, sous peine, avec ceux qu’ils appellent des migrants, de déplacer les problèmes qu’ils fuient, voire d’en créer de nouveaux. On ne peut se contenter d’accueillir. La charité – et l’humanitaire dans un certain sens – est à taille humaine, c’est-à-dire qu’elle n’a pas de limite. Mais un pays en a, et de multiples. Ne pas les respecter, c’est créer de nouveaux déséquilibres.
Plus de dix ans avant la création de cette Journée internationale des réfugiés, Michel Rocard, alors premier ministre de la France, observait que notre pays ne saurait accueillir « toute la misère du monde ». On a beaucoup daubé sur cette phrase, sur son expression exacte et ses circonstances. Mais, quelles qu’elles soient, dans quelque sens qu’on la retourne, elle n’en reste pas moins l’expression d’une réalité.
D’une réalité qu’il convient sans doute, plus que jamais, et malgré les grimaces de l’idéologie, de chiffrer et de traiter. Sous peine de voir des catastrophes qui ne peuvent nous être imputées en engendrer d’autres dont nous serons responsables.