Pleinement alignée sur le discours officiel du « réchauffement climatique d’origine humaine », l’OCDE vient de publier un rapport comparatif invitant les gouvernements à taxer davantage l’énergie pour obtenir de meilleurs effets sur la baisse de la consommation énergétique. L’Organisation pour la coopération et le développement économiques a comparé les systèmes de taxation dans 41 pays qui représentent 80 % de la consommation mondiale d’énergie. Alors que le taux moyen effectif pondéré de la taxation de tous les usages de l’énergie dans ces pays s’élève à 14,8 euros par tonne de CO2 émis, l’OCDE estime le « coût social » de ces émissions à 30 euros par tonne de carbone environ.
Le message est clair : les pays développés devraient prévoir une taxation plus élevée. Sans réclamer une collecte mondialisée de la taxe, l’OCDE propose une forme d’alignement global qui relève du même esprit. En encourageant les nations à prendre elles-mêmes ce type de mesures elle les incite en même temps à y reconnaître une intéressante forme de revenus publics – et de ponction des contribuables, en dernière analyse, mais le rapport ne le dit pas.
L’OCDE juge les taxes sur l’énergie trop faibles et trop disparates
En langage officiel de communiqué de presse, cela donne cette formule à l’emporte-pièce : « Les gouvernements n’ont pas suffisamment recours à la fiscalité pour réduire les conséquences environnementaux de la consommation d’énergie ; ils renoncent ainsi à percevoir des recettes tout en affaiblissant leurs attaques contre la principale source des émissions de gaz à effet de serre responsable du changement climatique et de la pollution atmosphérique, selon une nouvelle analyse de l’OCDE. »
Taxez, taxez toujours : c’est « l’un des outils les plus efficaces » dont disposent les gouvernements « pour réduire les conséquences dommageables de la consommation d’énergie » – et pour étendre le socialisme, ajouterons-nous. A la lecture du rapport, on comprend que l’effet souhaité est la recherche de solutions énergétiques moins gourmandes pour réduire les coûts de production. Mais en fait, la conséquence la plus « dommageable » apparaît comme la taxation elle-même, aujourd’hui très disparate dans le monde et bien plus lourde pour certains.
Si les Français ont l’impression de crouler sur les TIPP et autres taxes sur l’énergie, sans compter les coûts du carbone qu’ils ne paient pas directement, ce n’est pas encore assez. La France se trouve en milieu de tableau à la fois pour la taxation de l’énergie et pour celle des émissions de CO2. La tonne de C02 est taxée à quelque 60 euros en France, contre 117 en Suisse (championne toutes catégories).
L’OCDE évalue le coût social du CO2 à 30 euros la tonne de carbone
Le secrétaire général de l’OCDE, Angel Gurria, estime ainsi : « Les taxes actuelles sur la consommation d’énergie sont faibles et incohérentes. La politique fiscale n’est pas efficacement mise à profit pour réduire les effets néfastes sur la santé et les émissions de gaz à effet de serre imputables à la consommation d’énergie. Les possibilités d’utiliser la fiscalité pour améliorer l’état de l’environnement et freiner le changement climatique sont encore considérables. »
L’OCDE se base sur des données alarmistes contredites par les relevés actuels de températures, encourageant les pays à modifier profondément leur politique fiscale et énergétique sous couleur de compenser les « coûts sociaux » de l’utilisation de l’énergie fossile : un coût que l’OCDE estime sous-évalué si l’on veut bien tenir compte des « autres effets secondaires négatifs de la consommation d’énergie ». Cela lui permet d’affirmer que les « taux moyens d’imposition sont très faibles par rapport aux effets dommageables de cette consommation ».
Davantage de taxes sur l’énergie pour réduire les émissions de carbone
Et la voici qui se lamente d’une sous-taxation du charbon, du gaz, du diesel, et notamment du chauffage (3 euros par tonne de CO2 en moyenne), alors qu’en moyenne les transports sont beaucoup plus taxés (70 euros par tonne) – et encore pas partout.
Ce qui ressort surtout de l’étude, et qui n’est pas mis en évidence au demeurant, c’est la distorsion de concurrence entre les 41 pays considérés qui affichent une large part de la production industrielle et de la consommation globales. Ainsi l’Indonésie, la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine ont des taxes sur les émissions de CO2 entre 0 et 5 euros la tonne ; les Etats-Unis et le Canada à peine davantage. Ce sont les pays européens qui se situent en tête, avec l’Espagne aux alentour de 50 euros et les pays nordiques en haut du tableau, tout près de la Suisse. L’OCDE ne les invite pas à baisser leur fiscalité, ce serait trop beau !
Tous les pays qui taxent lourdement l’énergie ne connaissent cependant pas les mêmes handicaps, qui peuvent être plus ou moins alourdis par le niveau de fiscalité générale. Mais la tendance mondialiste est bien d’accentuer la pression.
Anne Dolhein