Dans un projet de rapport dont la version finale devait être publiée ce jeudi, la Cour des comptes fait une importante critique de Pôle Emploi, estimant que l’organisme public, manifestement débordé par l’envolée du chômage, ne remplit plus ni ses missions, ni ses objectifs.
A s’aventurer dans les chiffres qui parsèment l’étude de la Cour des comptes, le constat est effectivement éloquent. Alors que, fin 2008, la fusion de l’ANPE et des Assedic visait, notamment en multipliant les économies, à trouver une efficacité nouvelle, le taux mensuel de retour à l’emploi est tombé aujourd’hui dans une fourchette de taux oscillant entre 5,3 % et 3,8 %.
Un mauvais score, compliqué encore par cette assertion de la Cour des comptes selon laquelle Pôle Emploi ne serait « à l’origine directe de la reprise d’emploi que dans 12,6 % des cas ».
La critique de la Cour des comptes
Selon les sages, l’accompagnement des chômeurs serait très largement insuffisant. Quant à la prospection des entreprises, à l’autre bout de la chaine de l’organisme, elle serait délaissée. Ainsi la collecte d’offres d’emploi aurait chuté de 3,6 millions en 2007 à 2,5 millions en 2014.
La réalité de la crise, affirment les rédacteurs du rapport, ne saurait tout expliquer, et n’explique notamment pas les manquements de l’organisme public, soulignés avec force : « une mission d’intermédiaire entre offre et demande d’emploi qui n’est plus prioritaire », « des coûts croissants », une « dispersion des moyens », une « connaissance insuffisante des besoins » des chômeurs comme des employeurs, etc.
Avec 53.000 agents et 5 milliards d’euros de budget, Pôle Emploi n’assurait, début 2015, un accompagnement renforcé qu’auprès de 290.000 chômeurs seulement ; et l’objectif affiché de 460.000 en 2017 « reste encore très limité ». Quant aux autres chômeurs, l’organisme se limite, selon les critiques du rapport, à « leur donner uniquement les moyens de leur autonomie », en multipliant notamment les recherches sur internet, et avec, de ce fait, une intervention « minimale » des conseillers, trop pris par les questions de gestions, ou… l’absentéisme. Ce qui fait que 30 % de leur temps serait consacré à l’accompagnement des chômeurs.
Pôle Emploi défend son travail
Dès avant la publication du rapport, Pôle Emploi a fortement réagi à ces critiques. La direction de l’organisme public a estimé qu’il s’agissait là d’un rapport « à charge », et souligné que sur les 18 indicateurs de performance qui permettent de juger de la qualité de son travail, « quatorze sont en hausse », dont… la satisfaction des usagers.
Plus généralement, François Nogué, président du conseil d’administration de Pôle Emploi, « regrette que ce rapport méconnaisse la réalité du travail quotidien », et craint, en outre, qu’il ne produise un « impact négatif en termes de motivation pour des agents qui se trouvent depuis des années en première ligne de la crise ».
Peut-être ! Mais, en attendant, les chiffres du chômage n’en finissent pas d’être plus mauvais les uns que les autres…