Le ministre russe du Développement économique, Alexeï Ulyukayev, a déclaré à la source gouvernementale rt.com que la banque récemment créée par la Chine, l’Asian Infrastructure and Investment Bank (AIIB) et la New Development Bank (NDB) des BRICS peuvent fructueusement coexister. « Je crois qu’il y a assez de place pour tout le monde. Notre économie souffre d’un tel sous-investissement… L’AIIB, la banque BRICS et les autres auront toutes assez de champ pour leurs investissements », a-t-il déclaré à Russia Today, présentant ces banques non comme des rivales mais comme des institutions complémentaires.
Il s’exprimait à l’orée du 7e sommet des BRICS qui se tiendra à Ufa, en Russie du 8 au 10 juillet où l’on prévoit le lancement d’une banque capitalisée à hauteur de 100 milliards et ayant accès à un pool de devises du même montant. La banque NDB se veut complémentaire de la Banque mondiale.
L’AIIB et la banque BRICS s’entendront avec le FMI et la Banque mondiale
Elle entrera forcément en concurrence avec l’AIIB, créée en octobre 2014, qui rassemble 57 pays de tous les continents sauf l’Amérique du Nord et s’accroche à la Chine qui à elle seule y possède 20,6 % des voix. La Russie y est également impliquée, en troisième position en termes de voix (5,92 %) derrière l’Inde qui en possède 7,5 %. L’AIIB a déjà reçu l’assurance de la part de Christine Lagarde d’une « coopération » de la Banque mondiale et du FMI. Où l’on voit que les oppositions des deux blocs ne sont pas aussi nettes que certains voudraient le faire croire.
C’est vrai aussi dans le cas de la NDB et de l’AIIB où l’on retrouve des acteurs croisés.
Ulyukayev a expliqué que la création de la nouvelle banque permettrait entre autres de compenser le manque de fonds venant de l’Ouest du fait des sanctions en vigueur dans le dossier ukrainien : cela ne semble pas poser de problèmes à ceux qui ont mis en place les sanctions contre la Russie.
Mais la banque a surtout l’ambition d’attirer l’épargne locale pour la transformer en « investissements domestiques », a-t-il affirmé.
Alexeï Ulyukayev parle de banques régionales « complémentaires » et non pas rivales, dans un contexte de régionalisation mondiale
Dans le même temps, Ulyukayev a souhaité une coopération commerciale renforcée parmi les BRICS, avec la levée des barrières aux échanges par le biais d’une meilleure coopération entre les douanes et la mise en place de documents électroniques pour faciliter les affaires – et, pourrait-on ajouter, créer une nouvelle entité régionale s’inscrivant dans le processus de mondialisation qui affecte toutes les régions du monde et passe par des regroupements économiques non géographiques.
Ainsi le sommet des BRICS accueillera-t-il l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), organisation intergouvernementale régionale asiatique qui regroupe la Russie, la Chine, le Kazakhstan, le Kirghizistan, le Tadjikistan et l’Ouzbékistan et que l’Iran devrait rejoindre dès la levée des sanctions dans le dossier nucléaire. Elle a été créée à Shanghai les 14 et 15 juin 2001 par les présidents de ces six pays. Le sommet accueillera aussi l’Union économique eurasienne (UEE) calquée sur l’Union européenne, qui regroupe plusieurs Etats de l’ancienne Union soviétique.