Le parlement du Portugal restreint l’accès à l’avortement à la suite d’une « initiative législative citoyenne » provie

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« Terrorisme ! » « Honte !» « Fondamentalistes ! » Depuis les bancs de la gauche comme des galeries du public envahies par des manifestants pro-avortement, des cris de rage ont salué l’adoption, mardi soir, d’une loi qui restreint l’accès à l’avortement, huit ans après sa légalisation. C’est à la suite d’une « initiative législative citoyenne » provie que la majorité PSD/CDS-PP (sociaux-démocrates et « centristes » – ces derniers étant en fait les élus les plus conservateurs actuellement au parlement portugais) a voté des mesures qui mettent fin à la gratuité de l’avortement et obligent les femmes à une consultation préalable.
 
L’avortement faisait jusqu’ici partie des soins pour la mère et l’enfant (sic), pris en charge à 100 % par le système de santé portugais. En le faisant rentrer dans le régime commun, les élus veulent le soumettre au ticket modérateur, ce qui fait dire à la presse internationale, indignée, que « l’avortement sera désormais payant au Portugal ». Les choses ne sont pas aussi nettes : l’intervention choisie par la femme sans aucune indication médicale restera, en grande partie, à la charge de l’assurance maladie et donc des cotisants et contribuables. Mais on peut saluer le symbolisme de cette restriction : on sait combien toute marche arrière est difficile dans le domaine de la culture de mort.
 

Fin de la gratuité de l’avortement par décision du parlement du Portugal

 
La majorité, sous les huées de la gauche et des manifestants, n’a donc pas manqué de courage. La présidente de l’Assemblée nationale du Portugal a dû rappeler l’opposition à l’ordre, demandant que la « liberté » de chacun soit reconnue et que chacun puisse voter en conscience. Les associations féministes hurlent au « coup d’Etat législatif ». Comme elles y vont… Le fait que l’avortement ait été légalisé par référendum n’empêche pourtant pas les restrictions : certes, il y a eu 60 % de « oui » en 2007 mais dans le contexte d’une forte abstention (56 %), et sans que tous les aménagements soient fixés.
 
Quant à la légalité du nouveau texte – ne parlons pas de sa légitimité qui résulte du fait qu’il vise à limiter le massacre légal des enfants à naître – elle est formalisée par le recours à une « initiative citoyenne » signée par 48.115 électeurs et qui a porté la proposition devant le législateur. C’est bien le peuple portugais qui s’est mobilisé sur ce projet « pour le droit de naître ».
 

L’accès à l’avortement restreint grâce à une initiative législative citoyenne

 
Au-delà de la fin de la gratuité, les féministes promettent que « la lutte continue » et se focalisent, avec la gauche et les écologistes au Parlement, sur l’entretien social et psychologique obligatoire qui devra précéder désormais, une fois la loi devenue définitive, tout avortement, et « accompagner » le délai de réflexion. Celle-ci devra « fournir une information claire, tant verbale qu’écrite, sur les aides sociales existantes, y compris les allocations parentales prévues pour le temps de la grossesse et de la naissance ». Aides publiques ou privées, en argent ou en nature : toutes les formes d’aides doivent être présentées.
 
C’est comme si en France on devait parler aux candidates à l’avortement des aides apportées par « Mère de miséricorde », « SOS futures mères », « SOS tout petits » ou d’autres associations qui, confrontées aux mafias, travaillent dans la discrétion absolue…
 
Il est prévu que la femme enceinte puisse présenter les obstacles, y compris au travail, qui la poussent à demander l’avortement, afin de l’aider concrètement à les dépasser.
 
Tous les centres de santé devront présenter une documentation sur la « valeur de la vie, la maternité et la paternité responsables, et les soins dus aux nourrissons et aux petits enfants ».
 
Quant aux cliniques où se pratiquent les avortements, elles devront organiser des consultations de planification familiales obligatoires. C’est un des points contestables de la loi : un établissement où l’on met à mort des enfants à naître est-il indiqué pour conseiller les femmes dans ce domaine ?
 
Enfin, et pour le coup c’est un point très positif, les médecins objecteurs de conscience ne seront plus tenus de se porter sur des registres publics : « personnelle », cette décision de ne pas pratiquer l’avortement « ne peut motiver aucune décision administrative ».
 

Anne Dolhein