Pitch Perfect 2 forme le deuxième volume d’un phénomène mondial – ce qui explique notre curiosité – celui de l’enthousiasme de préadolescentes pour la saga Pitch Perfect, la Note parfaite, qui conte les aventures, en principe chantées et drôles, de la chorale féminine d’une université américaine. Ces jeunes filles participent à des compétitions nationales, puis mondiales. On ne s’attendait certes pas un spectacle intellectuel, mais un tel degré d’idiotie, de laideur esthétique et morale, passe l’entendement. Il y a d’ailleurs une quasi-tromperie sur la marchandise : le film comprend moins de 10 % de passages chantés et dansés, alors qu’il est quasiment vendu comme une comédie musicale. Les 90 % restant relèvent d’un bavardage de demoiselles peu fines ou attardées, qui, dans la bouche d’actrices de 20 ans ou plus, provoque un décalage fâcheux et ridicule. Les propos se résument aux insultes de cours de recréation de collège, voire d’école primaire, et ne reculent aucunement devant des expressions scatologiques ou obscènes… Rien n’est montré, mais tout, et surtout le pire, est dit. Les discours comprennent aussi un message hédoniste, développent l’apologie du mariage homosexuel, et la propagande pour l’immigration libre et totale aux Etats-Unis – thèse simpliste pour un sujet complexe. L’idiotie, la grossièreté se doublent donc d’un lavage de cerveau idéologique, trop commun en France, plus rare pourtant Outre-Atlantique.
 

"Pitch Perfect 2": un naufrage total

 
Les chants et les danses sont en outre le plus souvent volontairement ratés, pour illustrer la nécessité de progresser en équipe… Les costumes de scène ou les postures sont parfois peu pudiques, conformément à un esprit général détestable. Seule curiosité culturelle, relevant d’un cliché remontant à la Première Guerre mondiale, le mécanisme et la froideur des danseurs allemands, les grands rivaux de la compétition, sont opposés à la spontanéité et à la chaleur humaine de l’équipe américaine. Seule la chorégraphie finale est à peu près réussie, et donne une idée de ce qu’aurait pu être un film acceptable sur le sujet, et non ce naufrage total.
 

Hector Jovien