Nous avons régulièrement suivi dans les colonnes de reinformation.tv la montée dans les sondages du milliardaire Donald Trump, candidat à l’investiture républicaine en vue de la présidentielle de 2016. Sa franchise à propos de l’immigration clandestine, son apparent rejet de la pensée unique en a séduit plus d’un. Mais ce grand favori de la base conservatrice américaine est un faux Républicain, un « pantin vide » selon le sénateur Rand Paul qui pointe son passé de girouette dans une campagne qui prend de l’ampleur.
« Comment un quart du Grand Old Party peut-il soutenir un type qui a été républicain, est devenu indépendant, puis démocrate pour repasser républicain ? », s’interroge Rand Paul dans un vif éditorial publié dimanche par IJ Sunday Review.
Certes Rand Paul – fils du libertarien Ron Paul – est lui-même candidat à l’investiture, ce qui peut expliquer au moins une partie de sa hargne.
Entre-temps, un nouveau sondage fait prendre 7 points au milliardaire Trump qui aurait 32 % d’opinions favorables, loin devant ses adversaires : Jeb Bush arrive en deuxième position avec 11 % seulement.
Donald Trump ne promet pas de soutenir le candidat républicain en 2016
Si l’on considère l’importance du rôle des Etats-Unis dans le monde – et dans la mise en place des éléments conduisant à un Nouvel ordre mondial – l’identité du prochain candidat républicain est loin d’être sans importance. Mais Trump sera-t-il candidat républicain… ou indépendant ? Si un autre est investi par le Parti républicain, Donald Trump ne s’est pas engagé à lui apporter son soutien ? « C’est ça, le problème ! », a lancé Rand Paul lors d’un débat le 6 août dernier, qui prévoit même un possible soutien de Trump pour Clinton.
L’ambiguïté du candidat Trump vient notamment de la diversité des positions qu’il a soutenues. « En 1999, il se disait très favorable à l’ONU. Il a soutenu l’avortement par naissance partielle avant de s’y opposer. Il a fortement approuvé le sauvetage des banques. Il a été favorable à l’Obamacare avant d’être contre et il s’est dit libéral [de gauche] à propos des systèmes de soins », a noté Trump dans son éditorial pour l’ IJ Review.
Voilà donc un « conservateur » qui ne l’est guère, qui attend du public qu’il « parie » sur ce qu’il croit en vérité, et que personne ne peut connaître avec certitude. « Donald Trump montre qu’il n’est pas apte à conduire le pays », assure Rand Paul. D’autant qu’il a fait faillite quatre fois, profitant de son propre aveu des lois américaines à son propre avantage pour se refaire.
Le grand favori de la base conservatrice américaine attaqué par Rand Paul
Un autre facteur important mis en avant par le sénateur républicain est la disparité des dons faits pour des campagnes politiques aux Etats-Unis : il a fait des dons aussi bien à Harry Reid et Rahm Emanuel qu’à Jeb Bush… Jamais à Rand Paul : « Peut-être sait-il qu’on ne peut pas m’acheter », dit-il. Il a donné 100.000 $ à la Fondation Clinton, en revanche.
« Pourquoi donner autant d’argent aux deux côtés ? C’est le problème de ce système. Le “Big Government” et le “Big Business” se couchent dans le même lit, et le contribuable ordinaire se retrouve perdant en même temps que notre pays s’enfonce toujours davantage dans l’endettement », dénonce Rand Paul.
Mais d’où vient son succès ? Ses dollars aident beaucoup… et il a reçu une couverture médiatique que l’on peut évaluer à l’équivalent d’« un milliard au moins d’espace médiatique ».
Le personnage est bien porté par l’argent. Les vrais conservateurs américains sont frappés par le fait que Donald Trump n’a pas une position provie clairement affirmée : pas plus tard que mardi martin, il a refusé de dénoncer les subventions publiques au Planned Parenthood malgré des indications de plus en plus nettes selon lesquelles le plus gros pourvoyeur d’avortements des Etats-Unis se livre depuis longtemps – dix ou quinze ans au moins – au trafic probablement lucratif d’organes et de tissus fœtaux. Un demi-milliard de dollars annuels pris dans la poche des contribuables…
Donald Trump dénoncé par les milieux provie
Lila Rose, la jeune présidente de Live Action, qui a elle-même dévoilé certaines pratiques illégales du Planning des Etats-Unis par des opérations de vidéos clandestines, s’est insurgée contre cette prise de position.
« Les vacillations de Trump sur les subventions publiques au Planned Parenthood sont profondément troublantes, et révèle une véritable ignorance par rapport à leurs pratiques abortives horrifiantes : le massacre annuel de plus de 320.000 enfants, et les négociations qu’ils mènent pour vendre les organes des enfants qu’ils avortent. Les commentaires de Donald Trump montrent qu’à l’évidence, il n’a pas regardé les vidéos publiées par le Center for Medical Progress. Sans quoi il ne pourrait recommander la poursuite du financement de ce conglomérat au service de l’avortement, sans aucune nécessité ; toute organisation qui se livre à ces viols des droits de l’homme ne mérite pas un centime d’argent du contribuable. On ferait mieux de dépenser celui-ci pour sauver la vie des femmes et des bébés. Je lance un défi à M. Trump : qu’il regarde les vidéos ! »
Les « vacillations » en question sont celles-ci : dans un premier temps, lors de l’interview mardi matin, Donald Trump avait déclaré qu’il ne fallait pas subventionner le Planning. Poussé dans ses retranchements par le journaliste qui mettait en avant les services de soins gynécologiques et de contraception proposés par le Planned Parenthood, il a fait marche arrière : « J’aurais tendance à regarder ses bons côtés, et je regarderais aussi – car je suis sûr qu’ils font bien certaines choses qui sont bonnes pour les femmes – je regarderais aussi cela, et je regarderais aussi d’autres aspects. Mais nous devons prendre soin des femmes. »
Un faux Républicain taillé sur mesure pour séduire le peuple
Charabia ? Evidemment. Il participe de la même hypocrisie qui conduit l’Etat fédéral à subventionner les « autres aspects » de l’activité du Planning, comme si l’argent récolté de ce côté-là ne lui permettait pas d’améliorer et d’étendre ses services d’avortement…
« Lui président » des Etats-Unis, rien ne changerait.
« Lui président », rien ne permet d’espérer un changement de politique fondamental, tournant le dos aux avancées du mondialisme auxquelles Républicains et Démocrates participent, en majorité, chacun à sa manière.
Ce qui est intéressant, en revanche – si Trump est un candidat acceptable à ce lobby – c’est de voir comment s’opère sa promotion. Par sa gouaille et même sa vulgarité, ses propos sans langue de bois sur certains sujets comme l’immigration, l’aura de sa fortune personnelle qui peut créer une illusion d’indépendance, l’importance qui lui est donnée sur le plan médiatique, il récolte presque automatiquement les dividendes en termes de sondages et de popularité. « Populiste » ? On pourrait lui appliquer l’adjectif dans la mesure où celui-ci désigne l’homme qui semble épouser les véritables préoccupations du peuple – sans la colonne vertébrale d’une pensée et de valeurs morales fortes – et qui surtout s’en sert pour gagner, sans garantie quant à la mise en place des solutions demandées.
Bref, Donald Trump apparaît de plus en plus comme un produit marketing. Des deux côtés de l’Atlantique, on peut au moins dire que ce type de candidature n’a rien d’original.