Difficile tâche que celle que s’était assignée Angela Merkel, en cherchant dimanche à rassurer les députés sceptiques de sa majorité sur la participation du FMI au nouveau plan d’aide que Bruxelles vient d’accepter, contre d’austères promesses prises par le premier ministre grec, d’accorder à la Grèce. La pression était d’autant plus vive pour le chancelier qu’une bonne part de ces députés était déjà opposée, en tant que telle, à l’idée de toute nouvelle aide à un pays dont ils considèrent qu’il ferait mieux de quitter la zone euro. Aussi l’assurance qu’elle apportait pour le FMI valait-elle garantie face à ces députés, d’autant plus enclins à rechigner, à la veille de leur vote sur le sujet, que l’opinion publique allemande semble les approuver chaque jour davantage.
Angela Merkel face au FMI : qui fait pression sur qui ?
Angela Merkel a donc dit haut et fort être certaine que Christine Lagarde, la directrice générale du FMI, ferait en sorte que le Fonds participe à la nouvelle aide accordée à la Grèce. A cela, deux conditions principales : les réformes grecques (sur lesquelles Alexis Tsipras s’est donc engagé), et l’allégement du poids de la dette d’Athènes. Ce point est plus délicat, nombre de pays européens y étant opposés, à commencer par… l’Allemagne. Le propos tenu dimanche par Angela Merkel signifie-t-il qu’elle a changé d’avis – ou, du moins, de position ? Pas exactement. Mais, s’engageant devant les députés allemands sur la position du FMI, il lui fallait bien proposer quelque chose.
« Mme Lagarde, la directrice du FMI, a dit très clairement que si ces conditions étaient réunies, alors elle recommanderait au conseil d’administration du FMI que le FMI participe au programme à partir d’octobre », a déclaré Angela Merkel, ajoutant ne pas douter que ce que « Mme Lagarde a dit deviendra réalité ».
Sur la Grèce, tout le monde finit par accepter ce sur quoi il n’est pas d’accord
En échange, si l’on peut dire, Angela Merkel a réitéré son opposition à toute « décote » de la dette grecque, qui n’aurait d’ailleurs pas la faveur des députés allemands les plus opposés à l’opération, mais elle a jugé possible d’agir sur sa maturité, en reportant certaines échéances, voire en réduisant les taux d’intérêt.
Les observateurs les plus pointus pensent donc désormais que la Bundestag donnera son accord, même si ils estiment que quelque 120 députés conservateurs pourraient refuser l’accord à l’occasion de la consultation mercredi. Ce qui signifie qu’Angela Merkel (à l’instar de son homologue grec) n’obtiendrait un vote favorable que grâce à son opposition. Et grâce à l’appui du FMI avec lequel elle n’est fondamentalement pas d’accord sur le sujet…
Ce qui prouve une fois de plus, et à l’encontre de ce que l’on veut nous faire accroire, que les politiques ne se font plus au sein des gouvernements ni des parlements, tout juste bons à signer les décisions prises ailleurs.