La déclaration du porte-parole du ministère de l’Intérieur slovaque, Ivan Netik, selon laquelle son pays n’acceptera que des migrants chrétiens dans le cadre de sa participation à l’effort de l’Union européenne de répartir les centaines de milliers de réfugiés qui s’y pressent depuis le début de l’année a provoqué des réactions irritées de la part de responsables de l’UE. Si aucun blâme officiel n’est venu répondre à Netik, c’est dans la mesure où il ne s’agit que de propos rapportés par la presse. Mais une source européenne a fait savoir qu’il est certes légal de donner la priorité aux chrétiens qui encourent un risque de persécution aggravée du fait de leur religion, mais que le fait de refuser des musulmans au motif qu’« il n’y a pas de mosquées » constituerait une discrimination et serait d’une « légalité douteuse ».
Le motif de l’absence de mosquées est celui avancé par le porte-parole slovaque : « Nous voulons aider l’Europe dans le dossier des migrations. Nous pourrions accueillir 800 musulmans mais il n’y a pas de mosquées en Slovaquie : comment pourraient-ils s’intégrer ici s’ils ne se sentent pas chez eux ? »
La Slovaquie accusée de discrimination. Mais elle peut favoriser les chrétiens persécutés
Pour être juste – les musulmans ne trouveront pas en Slovaquie une structure communautaire à laquelle leur religion les attache si fortement – le propos n’en est pas moins maladroit à l’aune des règles antiracistes qui sont à la base de la construction européenne. Mais enfin le gouvernement slovaque a maintenant la recette : il faut tout miser sur la persécution dont sont victimes les chrétiens en pays d’islam pour donner leur donner la priorité. Une solution que pourrait invoquer tout pays de l’UE, a condition d’en avoir la volonté…
Ce serait en tout cas un moyen de contourner la désapprobation exprimée par une porte-parole de la Commission européenne, Annika Breidhthardt, peu après la publication de la déclaration d’Ivan Netik : « Nous agissons ici dans l’esprit du traité, qui empêche toute forme de discrimination. »
La Slovaquie, comme l’ensemble des pays de l’UE, a refusé les quotas obligatoires d’immigrés visant à distribuer plus équitablement les nouveaux arrivants qui échouent en Grèce, en Italie : sur les quelque 40.000 personnes à replacer, ils n’envisagent d’en loger que 32.000.
Pour ce qui est de la Slovaquie, elle se voit confrontée à l’arrivée de réfugiés depuis des campements en Turquie – pays non membre de l’UE pourtant. Dès le 21 juillet dernier, le Premier ministre slovaque Robert Nico annonçait que son pays n’accepterait que 100 réfugiés : des familles syriennes chrétiennes que la Slovaquie se réserve le droit de sélectionner, plutôt que les 1.200 personnes que les quotas de l’Union lui assignaient au départ, sans possibilité de choix. « Nous avons refusé cela, en affirmant que le principe du volontariat doit être respecté, et dans ce cadre nous ferons preuve d’un certain niveau de solidarité. » Un peu plus tard, il déclarait à la presse autrichienne que le nombre de personnes accueillies pourrait atteindre 200, pourvu qu’elles soient chrétiennes.
Les très récents propos de Netik venaient en réponse à des questions de journalistes sur les intentions du Premier ministre : il vient de préciser au quotidien slovaque Denník N qu’il ne regrette en rien sa déclaration et que ses propos ont été publiés hors contexte. « Si nous obligeons les gens à rester ici contre leur gré ce serait une fausse solidarité », a-t-il précisé.
La pression des migrants sur l’UE
Les migrants ont de fait pour objectif les pays les plus riches et les plus accueillants – du point de vue des allocations et prises en charge notamment – et visent l’Allemagne, le Royaume-Uni, les pays scandinaves, la France. C’est en Allemagne que la situation est la plus tendue : on y attend un total de 700 à 800.000 réfugiés d’ici à la fin de l’année. Le maire Vert de Tübingen, Boris Palmer, a déjà averti qu’il envisage d’utiliser ses pouvoirs d’urgence pour saisir des maisons et des appartements vacants pour loger les demandeurs d’asile qui arrivent à raison de 50 par jour dans la ville.
Pendant ce temps, l’Allemagne a appelé ses fonctionnaires à la retraite à reprendre du service pour gérer la crise : ils sont déjà plusieurs centaines à s’être mobilisés.
En Macédoine, à la frontière grecque, l’état d’urgence vient d’être déclaré et l’armée a été mobilisée pour assurer un « contrôle plus important et plus efficace » devant la pression d’une immigration clandestine de masse : des milliers de personnes qui rêvent de se rendre en Europe occidentale. L’armée sera chargée de « renforcer la sécurité pour la population locale et encadrer la prise en charge des personnes qui ont l’intention de demander l’asile, conformément aux capacités » dont dispose le pays, affirme un communiqué du gouvernement.