Le Venezuela est en train de sombrer dans une hyperinflation dont les signes certains sont la pénurie et le rationnement. Certaines estimations évaluent encore l’inflation dans le pays à 10 ou 20 % par mois, mais elles sont bien trop optimistes si l’on tient compte du marché noir. C’est le résultat de la mise en œuvre de la révolution socialiste : en instaurant le contrôle de prix sur des denrées essentielles comme les produits de soins ou les médicaments, le président Nicolas Madura, petit protégé de son prédécesseur marxiste Hugo Chavez, a créé les conditions pour que surgisse un marché parallèle.
Ce marché noir, aux prix sur-gonflés, a vu le jour pour répondre aux besoins de la population. Il faut bien qu’elle puisse se pourvoir en denrées aussi essentielles que le poulet, les médicaments ou le papier toilette…
Sur ce marché noir ou libre, les femmes vénézuéliennes ont eu le choc de voir que le prix des tampons et autres produits sanitaires ont fait un bond de 1.800 %. Dans d’autres secteurs, les prix ont été multipliés seulement par 5 – à supposer qu’on puisse seulement trouver ce que l’on cherche.
Au Venezuela, la « révolution socialiste » engendre des augmentations de prix considérables
En juin dernier, le prix du panier alimentaire de base a augmenté de 19.9 %, et les vêtements ou produits de nettoyage sont devenus totalement inabordables pour la plupart des consommateurs pris au piège du paradis socialiste. Les limites imposées par le gouvernement gênent également la capacité des médecins et des hôpitaux à soigner les malades – et les blessés arrivés aux urgences pendant les récentes manifestations contre le gouvernement.
Le président de la fédération vénézuélienne de médecine, Douglas Leon Natera, commente : « Les médecins travaillent à mains nues, sans matériel. Les patients qui viennent à l’hôpital doivent apporter leurs propres désinfectants, gazes, bandages ou antalgiques… »
Une situation engendrée par un contrôle des prix qui empêche les usines de vendre à profit : plutôt que de vendre à perte, elles cessent tout simplement de vendre. C’est donc le marché noir qui permet de subvenir aux besoins essentiels.
La banque centrale du Venezuela crée de l’argent “ex nihilo”, le pays est au bord de l’hyperinflation
La chronologie de ce désastre se comprend aisément : le prix du pétrole a chuté, et avec lui les revenus du gouvernement. La banque centrale du pays a donc décidé d’imprimer des bolivars pour couvrir les déficits de plus en plus lourds. Mais un produit qui devient abondant perd de la valeur : il en va de même avec l’argent.
On parle d’« hyperinflation » quand la valeur d’une monnaie baisse rapidement et fortement. Elle est définie par une augmentation des prix de 50 % au moins par mois, ou lorsque les prix doublent en deux mois au plus. Le Venezuela n’en est pas loin.
Rien de cela ne serait arrivé si Nicolas Maduro n’avait pas annoncé fièrement la poursuite de la révolution socialiste dans le pays, destinée à détruire « l’inégalité dans la région ».
Il y a un an et demi déjà, le président commentait les problèmes engendrés par le contrôle des prix : « Tandis que nos politiques sociales ont amélioré la vie des citoyens en toute chose, le gouvernement est également confronté à des défis économiques sérieux… y compris l’inflation et le manque de produits de première nécessité. Nous continuons à trouver des solutions en… contrôlant les entreprises pour nous assurer qu’elles ne trompent pas le consommateur et ne retiennent pas les produits. »
La révolution socialiste coûte que coûte, au Venezuela et partout dans le monde
Un an plus tard, en mai dernier, alors que la situation avait encore empiré, le président n’avait pas changé de discours. Nicolas Maduro promettait alors de nationaliser la distribution alimentaire pour venir à bout de la pénurie de produits de première nécessité, de l’inflation galopante et de l’aggravation de la crise économique.
Cette mesure ne réglera rien et aggravera même la situation – à supposer que ce soit possible. Mais la révolution socialiste doit se faire coûte que coûte. C’est ce qu’explique le vice-président Jorge Arreaza : « Nous avons construit un modèle et c’est irréversible. Nous construisons le socialisme, qui est la démocratie réelle. Nous allons le construire parce que c’est l’héritage que nous a laissé le président Chavez. Et nous ne le construirons pas seulement ici mais dans toute l’Amérique latine et probablement dans le reste du monde. »
Pour Abigail Hall, de l’Institut Indépendant qui commente le désastre vénézuélien, ce n’est pas « probable » mais « certain » : « La différence [entre les Etats-Unis et le Venezuela] est une différence de degré, pas de nature. » Toute ressemblance avec la France…