Cela n’a pas été facile et lui a valu des relations difficiles avec certaines puissances représentées à l’ONU, mais pour Ban Ki-moon – qui s’en est ouvert lors d’une rencontre en marge de l’Assemblée générale, mardi – la promotion des droits LGBT fait partie de la « mission sacrée » des Nations unies. Le Secrétaire général arrive au bout de son mandat avec le sentiment de n’avoir « en général pas réussi » à faire progresser ces droits, malgré ses « efforts diplomatiques personnels » mais il a promis que les droits des homosexuels et des transgenres iraient de l’avant malgré les tensions que cela provoque et continuera de provoquer entre l’ONU et les Etats-membres.
Il est clair que la promotion des droits LGBT ne correspond pas à la volonté d’un grand nombre d’entre eux : Ban Ki-moon s’est départi de sa conférence écrite pour dire combien sa propre insistance en leur faveur avait pesé sur ses rapports avec leurs représentants.
Ban Ki-moon : promouvoir les droits LGBT, un « engagement institutionnel »
Mais pour autant, rien ne changera : « Il ne s’agit pas seulement d’un engagement personnel : c’est un engagement institutionnel », a-t-il affirmé, annonçant qu’il n’aura été que le premier d’une « longue liste » de Secrétaires généraux à promouvoir les droits LGBT au titre de la « mission sacrée » de l’ONU de défendre les droits de l’homme.
Le Secrétaire général sortant s’exprimait devant un parterre convaincu d’avance lors d’une réunion de haut niveau visant à promouvoir « l’intégration des LGBTI », peu d’heures finalement après le discours du pape François dans le cadre de la 70e Assemblée générale de l’ONU et son hommage appuyé à Ban Ki-moon. « Dans trop de pays, les lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres et intersexués sont parmi les membres les plus pauvres et les plus marginalisés de la société », a déclaré celui-ci mardi.
On sait que le pape a fréquemment dénoncé l’idéologie du genre : cela n’a pas empêché Ban de s’exprimer de cette manière, pas plus que le discours de François au Congrès n’a empêché le Sénat de mettre fin au financement du Planned Parenthood soupçonné de trafic d’organes fœtaux…
« Mission sacrée » de l’ONU et Objectifs du développement
La réunion de mardi, sous le titre « Ne laisser personne de côté », était organisée par le LGBT Core Group composé de l’Argentine, de l’Australie, du Brésil, du Chili, de la Colombie, de la Croatie, des États-Unis, de la France, d’Israël, du Japon, du Montenegro, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège, des Pays-Bas, du Royaume-Uni, du Salvador, et de l’Uruguay (qui à eux seuls contribuent à hauteur de plus de 75% au budget de l’ONU) ainsi que de l’Union européenne, du bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’Homme, de Human Rights Watch et de l’International Gay and Lesbian Human Rights Commission.
Si les Objectifs du développement durable (ODD) n’affirment pas ouvertement https://c-fam.org/friday_fax/no-abortion-no-gays-in-massive-new-un-development-goals/ les droits LGBTI – ce dont se sont plaints plusieurs délégués comme celui du Brésil – en raison de l’opposition de délégués d’Afrique, notamment, les partisans de leur extension ne cachent pas leur volonté de les faire interpréter en ce sens.
A leur intention, le vice-président de la Commission de Bruxelles, le Néerlandais Frans Timmermans, a déclaré lors de cette réunion que les Africains devraient « renouer avec leur culture et leur histoire », présentant les excuses de l’Europe qui a apporté « l’homophobie et la discrimination » à l’Afrique. Référence à peine voilée à l’enseignement moral des missionnaires chrétiens et des lois d’inspiration chrétienne…
Le titre de la réunion de mardi faisait-il clairement référence aux ODD : « Il y a 17 Objectifs de développement durable, tous basés sur un seul principe : ne laisser personne de côté », a précisé Ban : « Nous ne réaliserons cette vision que si nous parvenons à atteindre toutes les personnes, indépendamment de leur identité ou orientation sexuelle. » Avec le poids des nations qui composent le LGBT Core Group une telle annonce n’est pas à prendre à la légère.
Parallèlement à ce discours tout à fait officiel du Secrétaire général, douze agences de l’ONU ont lancé mardi un « appel conjoint pour mettre fin à la violence et la discrimination contre les LGBTI chez les adultes, les adolescents et les enfants ».
12 agences de l’ONU s’engagent à promouvoir les droits LGBT
« C’est la première fois que tant de membres de la famille des Nations unies unissent leurs forces pour la défense des droits fondamentaux des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et intersexuées », ont déclaré les douze agences, dans une déclaration conjointe, appelant les gouvernements du monde entier à faire davantage pour lutter contre la violence homophobe et transphobe et la discrimination et les abus contre les personnes intersexuées », précise un communiqué publié sur le site de l’ONU.
Celui-ci ajoute : « Elle propose des mesures spécifiques pour lutter contre la violence et protéger les individus contre la discrimination, y compris le renforcement des procédures d’enquête dans les cas de crimes homophobes, l’interdiction de la discrimination et l’abrogation des lois utilisées pour cibler les personnes sur la base de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre. »
Cela va bien au-delà de la lutte contre les crimes et autres injustices qui ne sont pas excusables sous prétexte qu’ils visent une personne « LGBT » : il s’agit bel et bien de promouvoir les nouvelles formes d’union et de filiation en leur faveur, d’éviter toute politique d’embauche qui poserait des conditions morales relatives au comportement sexuel, et finalement de contraindre les catholiques à poser des actes en contradiction avec leurs convictions religieuses, comme plusieurs exemples survenus récemment aux Etats-Unis l’ont prouvé.
L’appel conjoint a été signé par l’Organisation internationale du Travail (OIT), le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDC), le Programme commun des Nations unies sur le VIH-sida (ONUSIDA), le Secrétariat, le Programme de développement des Nations unies (PNUD), l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP), le Haut-Commissariat des Nations pour les réfugiés (HCR), le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), ONU-Femmes, le Programme alimentaire mondial (PAM) et l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).