Où situer Nadine Morano ?

Situer Nadine Morano
 
Sanctionnée par les uns, refusée par les autres, accusée par tous, Nadine Morano ne pensait pas, alors qu’elle cherchait tout bonnement à défendre son pays et ses compatriotes, se retrouver dans un tel maelstrom. D’autant que, si l’on veut bien étudier l’histoire de la République française, et les discours de quelques-uns de ses plus brillants orateurs, le propos tenu par le député européen n’a rien d’outrancier. Quoi qu’il en soit, le couperet est tombé, fatal, qui contraint désormais Nadine Morano de se poser la question de savoir où elle peut bien se situer.
 
Après avoir longuement tergiversé, et refait sans doute ses calculs électoraux, Nicolas Sarkozy, qui n’est plus que le président des Républicains, mais qui aspire à redevenir celui de tous les Français, quelle qu’en soit la couleur, a tranché : Nadine Morano sort de la campagne électorale pour les régionales de décembre, débarquée pour outrance. Le retrait de son investiture comme tête de liste en Meurthe-et-Moselle doit encore être officialisé lors de la commission nationale d’investiture du parti, prévue le 7 octobre prochain.
 

Où situer Nadine Morano ?

 
En revanche, elle ne sera pas exclue du parti : la décision aurait été risquée. Après tout, si l’on veut bien écouter le discours des Français de la rue, le discours de Nadine Morano est loin de les choquer. Prudence donc !
« Je n’accepterai aucun dérapage », affirme néanmoins haut et fort Nicolas Sarkozy. C’est bien ! Mais où se situe précisément le dérapage ?
 
La sanction, en attendant, paraît loufoque. Si le propos est scandaleux, pourquoi ne pas exclure son auteur ? Si ce n’est que l’expression outrancière de la « stupide » Morano, comme l’a semble-t-il appelée l’ancien chef de l’Etat, elle est excessive.
 
Nadine Morano a d’ailleurs du mal à comprendre ce qu’elle considère comme une trahison de son ancien patron, et peut-être de son mentor. « Je n’ai pas de plainte contre moi, je n’ai jamais été condamnée sur rien », lance-t-elle. Avant d’ajouter, agacée : « Nicolas Sarkozy, ce n’est même pas la peine qu’il songe à se présenter à la présidentielle, je le dézinguerai ! »
 

Le Front national n’en veut pas

 
Et que va-t-elle devenir ? Rester dans un parti où on la maltraite, c’est contraire à l’idée même de fierté, si ce mot a encore un sens – ne parlons pas d’honneur… – en politique.
 
Mais où courir ? Le Front national ne veut pas d’elle. C’est Marine Le Pen qu’il l’a dit elle-même : « Je n’ai aucune raison d’accueillir Nadine Morano qui appartient à un mouvement politique immigrationniste (…), qui a mis en œuvre le communautarisme en France. »
 
On suppose mal, quoi qu’il en soit, que l’ancien ministre ait jamais eu quelque velléité en ce sens.
 
Pendant ce temps, pour exorciser le démon blanc qu’elle a réchauffé, on nous serine à longueur de journée, et en des discours manifestement peu préparés, que la France n’est pas une race. Voilà une découverte !
 

Reductio ad Ferryum

 
Tous ces petits donneurs de leçons feraient pourtant bien de réviser leurs classiques. Ils y feraient des découvertes intéressantes. Comme ce discours très politique au cours duquel le tribun déclare : « (…) les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures. »
 
Non ! il ne s’agit pas du socialiste allemand Adolf Hitler (rangez vos chiffons rouges, bonnes gens). Mais bien de Jules Ferry dont toute la classe politique actuelle, à commencer par François Hollande, a chanté les louanges et pleuré le souvenir.
 
Ceux qui prétendent expurger la France du mot « race » ne savent pas à quel chantier ils se sont attelés…
 

Hubert Cordat