Quelque 48.000 migrants et réfugiés sont arrivés ces derniers jours en Grèce. Selon l’annonce faite vendredi par l’Organisation internationale des migrations (OIM), ces arrivées constituent un chiffre record. Tous ces gens, est-il encore nécessaire de le préciser ?, arrivent bien sûr de Turquie.
« En dépit de la détérioration des conditions météo, environ 48.000 migrants et réfugiés ont traversé la mer vers les îles grecques, en provenance de Turquie, soit environ 9.600 personnes par jour au cours des cinq derniers jours », a ainsi indiqué l’OIM. L’organisation ne précise pas comment elle distingue, parmi ces gens, entre les migrants et les réfugiés. Or, ces termes étant employés à tort et à travers désormais, il serait bon de préciser. Cela dit, les points de contrôle installés aux frontières de l’Union européenne s’avouant la plupart du temps dépassés par les événements, il est devenu quasiment impossible d’établir quelque distinction que ce soit.
48.000 migrants sont arrivés ces derniers jours en Grèce depuis la Turquie
On peut donc sans doute utiliser aussi bien les termes de « migrant » ou de « réfugié ». Ce qui a déjà l’énorme avantage de ne pas employer le terme de « clandestin », et de ne pas renvoyer à sa réalité.
On nous précise que le nombre d’arrivées de migrants en Grèce s’est accéléré sous l’effet de l’intervention russe en Syrie et de l’intensification des combats autour de la ville d’Alep.
Amin Awad, directeur pour le Proche-Orient de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR), a souligné cette implication russe dans la « dynamique de déplacement » des réfugiés, en admettant tout de même qu’elle n’avait pas contribué de manière significative à l’exode des réfugiés vers l’Europe.
Mais cette précision paraît secondaire. Il est intéressant de voir que, devant l’opinion publique, l’on accuse, l’air de rien, les Russes d’accélérer le flux des migrants, ce qui tombe bien puisque Poutine est un méchant qui se permet de soutenir le président Assad, alors que les Occidentaux l’ont condamné. Les islamistes, par la magie de cette dialectique, semblent, eux, avoir disparu.
Les Trucs passent la surmultipliée
Enfin, l’on ne semble pas s’interroger sur la position de la Turquie en cette affaire, Ankara n’ayant manifestement pour l’heure guère l’intention de bloquer les migrants sur son sol.
Mais c’est normal (si !), l’ambassadeur de Turquie auprès de l’Union européenne, Selim Yenel, ayant demandé vendredi à Bruxelles de remplir toutes ses promesses, aide de trois milliards d’euros, question des visas et relance de son processus d’adhésion, avant qu’Ankara ne commence à mettre en œuvre un plan d’action pour endiguer le flux de migrants.
La Turquie a évidemment profité de l’occasion pour indiquer que, dans son esprit, ces trois milliards devaient constituer une aide annuelle ! Oui, trois milliards tous les ans !
Et puis il a évoqué un quatrième point – pourquoi pas ? puisque les Européens sont au pied du mur. Il s’agit de l’aboutissement des négociations de paix à Chypre en vue d’une réunification de l’île entre parties grecque et turque.
Et nous n’avons que le choix d’obtempérer, sinon, non seulement la vanne ne se fermera pas ; mais en outre les plus de deux millions de migrants actuellement stationnés en Turquie pourraient bien être invités à prendre la route…