Dans un communiqué publié lundi, le Conseil central des Juifs d’Allemagne a adressé une forte mise en garde contre la légalisation de l’euthanasie et du suicide assisté. Le Conseil s’est exprimé ainsi alors que le Bundestag s’apprête à examiner, vendredi, diverses propositions visant soit à assouplir la loi sur la fin de vie en Allemagne, ou au contraire à restreindre les possibilités d’administrer des soins qui peuvent hâter la mort.
La Jewish Telegraph Agency, l’agence de presse juive qui rapporte cette information, a aussitôt fait le lien avec l’histoire de l’Allemagne nazie. Sous Hitler, « quelque 200.000 personnes – pour la plupart handicapés mentaux ou physiques – ont été assassinés par le programme d’“euthanasie” des Nazis, leur vie ayant été jugée “indigne” par l’Etat », précise JTA.
L’euthanasie-nazie : le Conseil central des Juifs d’Allemagne se souvient
Elle souligne que l’euthanasie est de ce fait un « sujet particulièrement sensible en Allemagne », ce qui est exact. Mais cette situation devrait faire réfléchir dans les pays où il ne l’est pas : y a-t-il une différence entre être tué parce qu’on est handicapé, malade, souffrant dans un pays « démocratique » ou dans un pays nazi ?
La principale « libéralisation » que certains parlementaires veulent voir inscrite dans loi concerne le suicide assisté. Actuellement, la personne qui a fourni les moyens en vue d’un suicide assisté est passible de sanctions pénales allant jusqu’à un an de prison si elle omet d’avertir immédiatement les services d’urgence médicale lorsque la personne est en train de mourir.
Le président du Conseil central, Josef Schuster, qui est par ailleurs médecin et membre du Comité central d’éthique de l’Association médicale allemande, a clairement souligné le risque incitatif d’une loi qui autorise l’aide à mourir : « Les personnes gravement malades ou âgées ne doivent pas être poussées à commettre le suicide », a-t-il mis en garde.
Les Juifs d’Allemagne mettent en garde contre la légalisation de l’euthanasie
Il s’est dit particulièrement inquiet au sujet de deux propositions portées par des groupes d’élus : l’une prévoit de donner à tout adulte en phase terminale et capable de prendre des décisions le droit d’enrôler un médecin qui devra lui fournir les moyens pour qu’elle se suicide, dans le lieu et au moment choisis par le patient ; l’autre vise à fournir un cadre légal aux associations vouées à l’assistance au suicide sous certaines conditions.
Le Dr Schuster plaide dans son communiqué pour de meilleurs soins palliatifs et ajoute : « Le suicide assisté ne doit pas devenir un service régulièrement fourni par les médecins, ni l’alternative aux soins prodigués aux mourants. »