Crimson Peak est un domaine, un château ruiné isolé dans l’Angleterre de la fin du XIXe siècle, dont le nom affiche de façon transparente le crime. Le film est avant tout un policier, un roman noir, avec une série de meurtres envisagés dans un contexte très particulier, celui d’un manoir à fantômes. Présents, les spectres sont plutôt bienveillants, et avertissent, en vain le plus souvent, les futures victimes, dans la tradition du théâtre de Shakespeare.
A la fin du XIXe siècle, un aristocrate anglais désargenté parvient à séduire la riche et unique héritière d’un industriel américain. Le père s’oppose au mariage, trouvant le prétendant suspect ; et meurt opportunément.
Crimson Peak : un grand-guignol sanglant
Le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, très connu, spécialisé dans une certaine forme de fantastique sombre, réussit souvent, mais pas toujours, à recréer des ambiances particulières à ce sous-genre. C’est ici le cas, avec aussi de nombreux éléments d’ancrages dans la réalité du temps, dans ce film où il s’en tient avant tout au policier. Les inspirations de contes connus, que l’on ne révélera pas ici car ce serait donner une des clefs de l’énigme, sont évidentes. Les caractères plutôt simples des personnages, bons ou mauvais, sont à rattacher à ce genre littéraire. Le film fonctionne bien durant les trois premiers quarts d’heure, avec une alchimie particulière, un travail soigneux des décors, le tissage d’une intrigue cohérente, quoique frôlant l’extravagance. La faiblesse vient ensuite de la nécessité de placer une fin heureuse, très artificielle, et longue. Il faut déplorer aussi, et surtout dans cette fin, des excès regrettables de personnages se massacrant à l’arme blanche, du couteau de cuisine au hachoir de boucher, et pour finir à la pelle de chantier… C’en est vraiment trop, même pour le spectateur le mieux disposé. Et le nombre de coups mortels que sont capables de supporter les personnages dépasse l’entendement. Ce grand-guignol sanglant, ce catch mexicain pire que toutes les apparitions fantastiques, saborde Crimson Peak, et c’est bien dommage.