Alors que de nombreux chrétiens d’Irak ont manifesté contre l’islamisation forcée d’enfants de mariages mixtes entre chrétiens et musulmans, Mgr Louis-Raphaël Sako a envoyé une déclaration à AsiaNews dénonçant la Charte nationale qui prévoit cette mesure. Face à cette Charte adoptée par les députés du Parlement irakien le 27 octobre 2015, il prend ouvertement la défense des chrétiens. Elle constitue en effet une menace sans précédent contre l’unité de la nation en déséquilibrant la représentation des différentes communautés et en menaçant leur principe de coexistence, ou encore en sapant les fondements du pluralisme religieux garanti par le Constitution du pays.
Monseigneur Louis-Raphaël Sako voit la Charte nationale de l’Irak comme une menace d’islamisation forcée
L’article 26/II de la Charte nationale prévoit qu’un enfant né d’un couple dont l’un des parents se revendique musulman implique automatiquement l’adhésion de ce dernier à l’islam. Et ce, même si cette loi contrevient à plusieurs égards non seulement « à différents versets du Coran indiquant qu’il n’y a pas d’obligation d’adhérer à une religion en particulier », affirme Mgr Sako, mais « surtout à la Constitution irakienne qui stipule dans son article 3 que “l’Irak est un pays multiethnique ayant plusieurs religions et plusieurs cultes” » ou encore dans son article 42 qui reconnaît à toute personne dispose « la liberté de pensée, de conscience et de religion ». Le recours à une loi coercitive en matière de religion ne peut qu’être préjudiciable « aux communautés sabéenne, yasidi et chrétienne » constitutives de la nation irakienne, a déclaré le patriarche Sako lors du rassemblement à l’église Saint-Georges de Bagdad.
Prendre la défense des chrétiens qui restent encore en Irak
Un grande nombre de membres de la communauté chaldéenne, mais aussi des représentants d’ONG, des journalistes et des citoyens tant chrétiens que musulmans s’y étaient réunis pour écouter Mgr Sako rappeler qu’aucune loi ne peut dicter d’embrasser telle ou telle religion, « la foi demeurant une grâce de Dieu ».
Une partie des députés, dont des musulmans, n’ont pas manqué non plus de marquer leur opposition à cette loi dès le jour du vote, en quittant le Parlement. Même le Haut commissaire aux droits de l’homme en Irak, en plus de témoigner son soutien à Mgr Sako, a dénoncé cette loi inique.
Parallèlement à ces protestations, Mgr Sako en appelle au président de la République d’Irak, Fuad Masoum, afin que le projet de loi soit soumis de nouveau au Parlement et que les députés prennent la pleine mesure de leurs actes quant à la préservation de la justice et de l’équité entre les citoyens irakiens. Dans le cas contraire, il s’est dit déterminé à dénoncer une telle loi au niveau international, envisageant même jusqu’à saisir le Conseil des Nations unies pour les droits de l’homme.