A l’occasion de ses dernières frappes contre l’Etat islamique, qui ont atteint la région de Raqqa, dans le nord de la Syrie, avec des missiles de croisière, la Russie avait prévenu, selon ce qu’a déclaré le Pentagone mardi, les Etats-Unis de ses intentions. Il semble donc que, depuis les attentats de Paris, et les appels à une plus grande coordination contre le terrorisme, Moscou ait décidé de jouer le jeu.
« C’était la première fois que les Russes nous prévenaient à l’avance de certaines de leurs opérations », a ainsi déclaré Peter Cook, porte-parole du Pentagone. « Cette information préalable était professionnelle, suffisante pour éviter tout incident avec les avions de la coalition menée par les Etats-Unis », a-t-il ajouté.
La Russie frappe l’Etat islamique
La notification de ces frappes, précise-t-on, s’est faite dans le cadre de l’accord conclu en octobre par Moscou et Washington pour éviter des incidents aériens sérieux entre les avions russes et ceux de la coalition internationale, qui, toutes deux, mènent des opérations de bombardement en Syrie, mais distinctes.
Les Russes ont indiqué avoir ainsi frappé les provinces de Raqqa (dans l’est), de Deir Ezzor (également dans l’est), d’Alep (dans le nord-ouest) et d’Idleb (toujours dans le nord-ouest). Selon ce que précisent les Américains, les Russes ont, pour ce faire, utilisé vingt missiles tirés depuis la Mer Caspienne.
Cette nouvelle manière de procéder en bonne intelligence avec les Occidentaux dénote de la part de Moscou une volonté manifeste d’améliorer les résultats de la lutte contre le terrorisme djihadiste. Elle montre aussi que les accusations américains et européennes selon lesquelles les Russes frapperaient surtout l’opposition « modérée » luttant contre son allié Bachar al-Assad ne sont pas fondées. Ce que Washington a bien été obligé d’admettre en reconnaissant que, ces derniers jours, les Russes avaient concentré leurs frappes contre l’Etat islamique.
Le Kremlin prévient les Etats-Unis, sans réciprocité
Pour autant, le Pentagone refuse d’aller plus loin et de coordonner ses forces et ses attaques avec celles des Russes, ainsi que l’y invite Moscou. « Nous allons voir ce que les Russes vont faire à partir de maintenant, a expliqué le porte-parole. Tant qu’ils ne changent pas leur politique de soutien au régime de Bachar al-Assad, nous ne voyons pas tellement de possibilités de coopération. »
On nous fait comprendre, à Paris, que les ennemis de nos ennemis pourraient être, sinon des amis, du moins des alliés. Mais Washington précise immédiatement que cela n’ira pas jusqu’à dire que cela englobe les amis de nos alliés.
Si aujourd’hui les Russes ont décidé de jouer le jeu, les Américains, visiblement, continuent de ne s’intéresser qu’au leur…