Dans un entretien accordé à une chaîne de télévision tchèque, et qui devait être diffusée ce mardi matin, le président syrien Bachar el-Assad a accusé la France de soutenir le terrorisme. Et déclaré que, pour les Syriens, la politique actuelle des autorités françaises ne pourrait jamais être synonyme de paix.
Le président Bachar el-Assad répondait ainsi à la question d’un journaliste tchèque sur la possibilité de voir un accord de paix signé à Prague, selon ce qu’avait suggéré en septembre, à New York, à l’issue d’une rencontre avec le ministre syrien des Affaires étrangères Walid Mouallem, le président tchèque Milos Zeman. « Il semble que les parties en conflit souhaitent que l’accord soit signé à Prague, avait alors déclaré le président tchèque. Elles commencent même à l’appeler “Déclaration de Prague”. »
La Syrie accuse la France de soutenir le terrorisme
Pour le président Assad, la réponse à cette éventualité est simple : « Naturellement, si vous posez la question aux Syriens, ils vous diront qu’ils ne veulent pas de conférence de paix par exemple en France, car la France soutient le terrorisme et la guerre, non la paix. Et comme vous mentionnez Prague, ce serait généralement accepté, en raison de la position équilibrée de votre pays. »
Interrogé également sur les terroristes qui se dissimulent dans le flot des réfugiés, le président syrien a répondu : « C’est un mélange. La majorité sont de bons Syriens, des patriotes. Mais naturellement des terroristes s’infiltrent parmi eux, c’est vrai. »
En ce qui concerne la question politique, l’ambassade tchèque demeure aujourd’hui la seule représentation de la diplomatie occidentale en Syrie, et donc le seul point de communication entre les Occidentaux et le régime de Damas. Ce que confirmait récemment Hynek Kmonicek, chargé des affaires étrangères auprès du président Zeman. « Nous avons de bonnes relations, bien que parfois compliquées, avec tous les acteurs du conflit syrien », indiquait-il – en excluant, cependant, les djihadistes de Etat islamique.
Hynek Kmonicek précisait néanmoins que, dans cette optique, Prague ne serait que l’hôte de l’événement, qui se déroulerait en réalité à l’instigation de l’Organisation des Nations unies. Et il ajoutait que « la préparation d’un tel accord prendrait toutefois des mois, voire des années ».
Et, certes, on imagine mal que les Syriens fassent davantage confiance à l’ONU qu’aux Américains ou aux Français.
Le président syrien Bachar el-Assad manifeste une défiance politique
On ne peut comprendre tout à fait l’opposition si nette du président Assad si l’on ne retient pas que, pour beaucoup de Syriens, le djihadisme, l’Etat islamique a été encouragé par certains Occidentaux. C’est d’ailleurs ce que déclarait, à la fin de l’année dernière, le général Desportes, auteur d’un récent plaidoyer sur notre défense, devant la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées du Sénat, présidée par l’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin, et qui devait donner son sentiment sur la prolongation de notre opération en Syrie.
Affirmant que tout devait être fait pour détruire l’Etat islamique, le général Desportes déclarait notamment : « Quel est le docteur Frankenstein qui a créé ce monstre ? Affirmons-le clairement, parce que cela a des conséquences : ce sont les Etats-Unis. Par intérêt politique à court terme, d’autres acteurs – dont certains s’affichent en amis de l’Occident – d’autres acteurs donc, par complaisance ou par volonté délibérée, ont contribué à cette construction et à son renforcement. Mais les premiers responsables sont les Etats-Unis. »
L’affirmation n’a, en soi, rien de surprenant. Les accusations de ce type à l’encontre des Etats-Unis sont nombreuses – il suffit de se souvenir du cas ben Laden. Elle justifie, en tout cas, la défiance originelle du président Assad vis-à-vis des Etats-Unis, et de tous ceux qui s’alignent sur leur politique.