La France accueillait lundi quelque 150 chefs d’Etat du monde entier pour l’ouverture de la COP21 – la 21e Conférence des Parties sur le climat. Evénement diplomatique de tout premier plan : une telle concentration de gouvernants ne se rencontre guère qu’à l’ONU, et pour Paris, c’était une première. Tout est dans le symbole : faire démarrer la COP21 en fanfare pour mieux souligner « l’urgence » absolue à agir contre un « réchauffement climatique », décrété d’« origine humaine », qui pose l’homme en ennemi de la Planète.
L’ouverture de la COP21
Cette première journée d’une conférence qui doit – qui doit ! – aboutir à un accord d’ici au 11 décembre, à signer à New York au siège de l’ONU au printemps prochain, a été marquée de plusieurs événements qu’il est évidemment impossible de détailler. Des experts travaillent ainsi actuellement à la synthèse des interventions de 6 minutes de chaque chef d’Etat présent, sans compter quelques ministres et invités, tellement nombreux qu’il a fallu les scinder en deux salles pour arriver à quelque 15 heures de prise de parole au cours d’une seule journée. Interchangeables ? On serait tenté de le croire.
150 chefs d’Etat, mais à Paris on n’a vu qu’une seule tête
Ce qui est sûr, c’est qu’il n’y a guère eu de voix discordante. Bien sûr, l’accent peut varier. Les chefs d’Etat africains ont insisté sur la « justice climatique », par laquelle les pays riches doivent payer pour les plus pauvres qui doivent obtenir le temps de se développer afin de rattraper la centaine d’années d’avance dont a bénéficié le Nord grâce à une industrialisation alimentée par une énergie riche en émissions carbone. Ce sont donc eux les méchants, les pays riches… Et c’est à eux de payer pour les pauvres. Là est l’une des dimensions socialistes de la lutte contre le réchauffement, que l’on tente d’imposer par la contrainte supranationale.
La France étant puissance invitante et donc donneuse d’exemple, Paris a déjà promis deux milliards d’euros à l’Afrique d’ici à 2020 pour développer les énergies renouvelables. C’est ce qu’a annoncé François Hollande lors d’un sommet avec des dirigeants africains en marge de la COP21. C’est une belle part des 3 à 5 milliards que la France puisera dans les poches de ses contribuables ou dans un endettement accéléré pour lutter contre le réchauffement. En même temps qu’elle financera sa sécurité face à la menace terroriste et qu’elle continuera d’accueillir des migrants en masse ?
Le vrai sujet de la COP21 : la surpopulation
Parlons-en, des migrants. Les voix ne manquent pas pour accuser le réchauffement, aussi bien des conflits au Proche-Orient que de la poussée migratoire vers l’Europe. Le prince Charles a été parmi les tout premiers orateurs de lundi à la COP21, et il a classé la « migration de masse » parmi les dangers mortels qui menacent l’humanité, avec la « multiplication des conflits », la capacité de l’humanité à se nourrir, les possibilités de se protéger « contre des conditions climatiques extrêmes ».
« Alors que la planète peut survivre à la brûlure de la terre et à la montée des eaux, la race humaine ne le peut pas », a-t-il dit, assurant qu’il suffisait d’assigner 1,7 % de la consommation mondiale à la réduction des émissions carbone « pour nous remettre sur le bon chemin ».
Philanthropie ? Cela se discute, venant de lui. Car il a clairement désigné ce qu’il voit comme la cause première de tous ces maux : « Sur une planète de plus en plus surpeuplée, l’humanité fait face à bien des menaces, mais aucune n’est plus grave que celle du changement climatique. »
Le prince Charles, figure clef de l’« urgence » de la lutte contre le réchauffement
Le prince Charles n’a jamais caché sa préférence pour le contrôle de la population. Il a fortement dénoncé la croissance démographique dans les pays pauvres, expliquant que le point de vue des religions traditionnelles quant au caractère sacré de la vie et aux contraceptifs doit être mis dans la balance avec la nécessité impérative de vivre « en deçà des limites de la nature ». Autrement dit, il n’y a pas d’autre choix que de contrôler la population et d’agir avec la conscience que les barrières au planning familial sont d’ordre « culturel ». Il faisait ces remarques dans le cadre du 25e anniversaire de l’Oxford Centre for Islamic Studies qu’il parraine, saluant au passage le monde islamique qui possède l’un des « plus grands trésors de sagesse et de connaissance spirituelle accumulés ». En 1992, il avait discrètement visé le Vatican comme faisant partie de « certaines délégations » déterminées à « empêcher toute discussion à propos de la croissance de la population ».
En janvier 2013, le prince Charles applaudissait un rapport des malthusiens Paul et Anne Ehrlich plaidant longuement pour le contrôle de la population, notamment par l’accès universel à la contraception et à l’avortement « sûr et légal ». Certes le prince Charles n’a pas employé ces mots à Paris, mais l’affaire du climat forme un tout dont le malthusianisme fournit le substrat.
A Paris, on a vu Vladimir Poutine plaider pour une lutte contre le réchauffement qui alimentera la croissance – ce qui ne manque pas d’ironie de la part d’un pays dont une belle part des revenus vient du pétrole. On a vu Evo Morales, président de la Bolivie, faire le lien entre lutte pour la planète et socialisme universel. On a vu un président d’une obscure île du Pacifique pour ainsi dire que sans accord à Paris, son pays serait englouti par les flots. On a vu le président Xi Jingping s’engager au nom de la Chine – le plus gros pollueur mondial.
La Chine, plus gros pollueur mondial, est la première à accuser le monde occidental et à plaider pour un nouveau socialisme
D’ailleurs le média officiel chinois The Global Times a publié une tribune, lundi, d’un journaliste de l’agence d’Etat Xinhua : Zhu Dyongyang y explique tout ce que fait la Chine pour lutter contre le réchauffement malgré ses difficultés économiques, ses accords bilatéraux avec les nations industrialisées (dont elle a siphonné l’emploi) et ses engagements financiers pour le Sud, pauvre. « Ironiquement, à l’opposé de la générosité et du dévouement de la Chine, ce que l’Occident a accompli à ce jour pour la réduction des conséquences du changement climatique reste frustrant », assure le journaliste.
Ce qui suit est une mise en cause des mensonges, de l’égoïsme, de l’obstination des pays riches – et un plaidoyer pour la mise en œuvre de « responsabilités différenciées » qui sont en effet au cœur des débats.
Cette forme de socialisme est doublée d’une autre : celle de la mise en place d’une taxe mondiale sur la carbone ou du moins d’une évaluation mondiale du prix des émissions : dès lundi soir se tenait un « panel sur le prix du carbone », présidé par la Banque mondiale et le FMI, en présence d’Obama et de Xi Jinping. Le site gouvernemental de la COP21 annonçait : « Cet événement permettra aux leaders mondiaux engagés d’appeler leurs pairs à se joindre à eux pour une tarification du carbone à l’échelle internationale. Ce sera la première fois que des dirigeants de ce niveau seront réunis sur ce sujet. »
Le saviez-vous ? Les zones réservées à la COP21 au Bourget sont passées sous contrôle des Nations unies. Dès dimanche, alors qu’il n’était pas encore « élu » président de la COP21, Laurent Fabius a remis symboliquement les clefs de la « zone bleue » à Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques). On n’y pénètre qu’avec une accréditation en bonne et due forme : la zone est gérée par l’ONU et la sécurité est assurée par des Gardes bleus onusiens.
Tout un symbole en effet. Au moins on voit qui dirige.