L’Allemagne a enregistré en novembre 206.101 demandeurs d’asile supplémentaires, chiffre qui constitue un nouveau record portant le nombre de migrants recensés depuis le début de l’année à 964.574, selon le ministère de l’Intérieur.
Selon le système allemand d’accueil et de répartition des demandeurs d’asile EASY, les arrivées ont donc encore nettement progressé depuis le mois d’octobre, au cours duquel 181.166 migrants avaient été enregistrés.
206.101 migrants enregistrés en Allemagne
Notons que le ministère allemand précise que la durée de traitement des demandes d’asile s’est réduite. Les procédures d’asiles oscillent désormais entre 2,9 mois pour les ressortissants du Kosovo et 14,9 mois pour les Pakistanais. « La réduction significative de la durée des procédures », explique encore le ministère, résulte du fait que l’Office central des réfugiés « donne la priorité » aux demandes émanant des pays considérés comme sûrs, comme les pays des Balkans – et ce d’autant plus que leurs ressortissants n’ont aucune chance de se voir accorder l’asile –, et des pays considérés comme dangereux, tel la Syrie.
Il y a plusieurs enseignements à tirer de ces nouveaux chiffres donnés par Berlin. Le premier étant que l’Allemagne va donc dépasser cette année le million de migrants recensés, c’est-à-dire qui ne sont pas de prime abord des clandestins. Normalement, ce chiffre devrait diminuer, puisque, comme le souligne le ministère, nombre de ces demandes d’asiles n’obtiennent pas d’avis favorable. Mais une chose est de ne pas accueillir, une autre est de renvoyer. Et quand bien même l’Allemagne parviendrait à les expulser, on peut se demander dans quelles directions partent ces gens qui ne souhaitent manifestement pas rentrer chez eux…
Un mois de novembre qui pose quelques questions politiques
Deuxièmement, l’ONU nous a encore raconté des sornettes en nous annonçant la semaine dernière que le nombre des migrants arrivant en Europe avait chuté de plus d’un tiers. Précisons que, effectivement, les services de l’ONU ne parlaient que de ceux tentant la traversée de la Méditerranée. Les chiffres communiqués par le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés parlent de quelque 140.000 migrants en novembre, soit 36,5 % de moins qu’en octobre.
Ce ne sont pas les chiffres, bien entendu, que l’on remet ici en cause. Mais le fait que parler aujourd’hui de la seule Méditerranée qui est aujourd’hui la voie migratoire la moins fréquentée fausse la perspective. Si, en Méditerranée, les migrants sont moins nombreux, globalement, ils continuent d’arriver de plus en plus comme le montre le cas de l’Allemagne évoqué ci-dessus.
Dès lors, et troisièmement, on ne peut pas échapper à cette question : à quoi ont bien pu servir les accords passés le mois dernier avec la Turquie ? Rappelons que Bruxelles a mis dans la balance trois milliards (pour l’instant) et la reprise des négociations d’adhésion d’Ankara à l’Union européenne. Les Turcs, nous dit-on, semblent faire quelques efforts. En dehors de toute autre considération, c’est bien cher payé pour si peu…