De tous les groupes terroristes dans le monde, Boko Haram, « l’associé » de l’Etat islamique au Nigeria, est le plus meurtrier actuellement répertorié. Avec 6.644 victimes assassinées en 2014, l’élève dépasse le maître puisque l’Etat islamique n’a totalisé « que » 6.073 victimes de massacres cette année-là. Le groupe islamiste a bénéficié d’un soutien matériel inattendu : celui des armes de l’OTAN qu’il récupère à la faveur du conflit libyen.
C’est un des « effets indésirables » – mais tellement prévisibles – de la guerre menée contre Kadhafi par les alliés de l’OTAN, aux dires du rapport Global Terrorism Index de l’Institute for Economics and Peace basé à Sydney en Australie. L’information a d’abord été reprise par RT (la source russe Russia Today) et reproduite le lendemain par l’institut Ron Paul.
Boko Haram plus meurtrier que l’Etat islamique en 2014
Quel est cet institut ? Il revendique une position unique dans le monde des « think tanks », œuvrant pour un « changement de paradigme » dans la manière dont « le monde pense la paix », et assure que ses rapports sont largement utilisés par les institutions internationales comme l’ONU ou la Banque mondiale, ce qui le place pour le moins dans une logique mondialiste.
Il est intéressant de noter que son travail est ici cité en priorité par une source officielle russe, puis par des libertaires, à l’heure où la Russie passe pour la réponse à des entreprises mondialistes auxquelles elle est pourtant partie prenante…
Selon l’auteur du rapport, Dan Glazebrook, Boko Haram est passé d’une situation de pénurie à l’abondance en 2012, date à laquelle de « fortes quantités d’armes et de munitions ont été passés depuis des dépôts en Libye vers le Sahel », selon l’ONU. Glazebrook commente que ces armes, depuis les grenades propulsées aux explosifs et des armes anti-aériennes aux missiles sol-air, avaient été livrées par l’OTAN aux groupes d’opposition les plus sectaires, et elles sont tombées dans l’escarcelle de Boko Haram notamment en raison du conflit au Mali, déclenché à la suite des hostilités en Irak.
Le conflit libyen de l’OTAN a armé Boko Haram
La déstabilisation de la zone a ainsi fonctionné comme celle qui a eu lieu en Irak : à la faveur d’une lutte contre un dictateur ou un tyran local, des groupes comme l’Etat islamique ou Boko Haram en profitent pour se renforcer tandis que le chaos s’installe dans le pays qu’il fallait à tout prix « pacifier ».
La fondation de Boko Haram remonte à 2002. Ses opérations terroristes ont commencé en 2009 avec des moyens artisanaux. Le groupe est passé « d’un armement relativement bon marché, des AK-47 » utilisés lors de sa transition à l’action violente, « à des véhicules parés pour le combat au désert et des armes anti-aériennes et anti-chars », pour reprendre le commentaire de Peter Weber dans un article publié l’an dernier par The Week. Sans le conflit libyen, il n’y aurait sans doute pas eu accès.
Qui est responsable ?