Retour en politique de Bernard Tapie : une reprise cousue de fil blanc

Bernard Tapie retour politique
Bernard Tapie rappelle ses « succès passés face au FN ».

 
Bernard Tapie a annoncé dimanche son retour en politique. L’ancien ministre a indiqué vouloir reprendre le combat en faveur de l’emploi des jeunes, au moment où le gouvernement réfléchit aux moyens de stopper la trop fameuse courbe du chômage, qui restera comme la marque de fabrique des années Hollande. Mais Bernard Tapie entend aussi participer à l’action pour faire échec à la montée du Front national. Ceci explique cela : ça vaut tous les coups d’éponge médiatiques. Une reprise cousue de fil blanc, en quelque sorte…
 
Dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, l’homme d’affaires déclare avoir « décidé de revenir en politique », et vouloir présenter d’ici à fin du mois de janvier un « premier projet pour la remise en activité de tous les jeunes de 18 à 25 ans ».
 

Le retour en politique de Bernard Tapie

 
« J’affirme qu’en capitalisant intelligemment tout ce qui est dépensé à tort et à travers, on aurait de quoi donner un travail à tous les jeunes qui le souhaitent et qui devront l’accepter », assure Bernard Tapie. Qui poursuit : « En particulier, en dispensant des formations pour des métiers dont le marché du travail a besoin, et en utilisant davantage les outils qui permettent de détecter les talents de chacun. »
 
Bernard Tapie ne doute pas du succès de sa proposition, puisque, interrogé à ce sujet, il répond que « la volonté du pouvoir actuel a l’air d’aller dans ce sens puisqu’ils ont demandé, à juste titre, l’union nationale sur ce sujet ».
 
Sauf, même s’il ne semble pas s’en être rendu compte, que ses affirmations – et sans doute sa proposition – vont à l’encontre de la politique actuelle du gouvernement, et qu’elles pourraient même en être perçues comme une condamnation. « Poussez-vous les jeunes, laissez parler ceux qui savent ! »
 
Qui savent quoi, au juste ? Car son projet paraît bien flou. Sauf sur un point, capital : « Il faut, affirme-t-il, que les hommes politiques cessent de parler des conséquences, du mal de vivre de ces Français qui votent FN, et qu’ils apportent des remèdes aux causes de leurs problèmes. »
 

Une reprise cousue de fil blanc

 
Ah ? Et que fait-il, lui, en prétendant revenir en politique pour contrer le Front national ? En constatant que le résultat des élections régionales est « incontestablement un signal d’alarme qui doit alerter tous ceux qui ont l’envie et la compétence d’apporter des réponses aux problèmes du pays », il ne fait que répéter ce qu’ont déjà dit ses petits copains socialistes.
 
Mais Monsieur Tapie se goberge : « Personne ne peut contester mes succès passés face au FN, notamment aux européennes de 1994, quand je l’avais ramené, comme je l’avais promis, à 10 % des voix. C’est toujours faisable à condition d’adopter les bonnes méthodes. »
 
A l’époque, la méthode Tapie, c’était de s’allier au MRG – pour n’obtenir que 12,03 % des voix, ce qui n’était pas grand chose. Et qui, aujourd’hui, serait sans doute encore moins… A l’époque, il avait d’ailleurs surtout tué Rocard.
 
Le deuxième point de sa méthode, c’était de traiter les électeurs de salauds. Bernard Tapie a toujours refusé de revenir sur ce « jugement », affirmant qu’il le maintiendrait jusqu’à la fin de ses jours. Le problème, aujourd’hui, c’est que les « salauds » sont près de sept millions, et que cela pourrait bien lui revenir dans la gueule !
 
En avoir une, et en profiter pour s’attaquer au Front national est en tout cas bien pratique, lorsque l’on vient d’être condamné à rembourser les 404 millions d’euros perçus dans l’arbitrage qui a soldé son litige avec le Crédit Lyonnais sur la revente d’Adidas – même s’il a décidé de se pourvoir en cassation.
 
La preuve, c’est que les media ne parlent plus que de son retour en politique.
 
Chapeau, l’artiste !
 

François le Luc