Lors de son allocution donnée mardi sur la nécessité d’une législation plus contraignante sur la détention et le port d’armes à feu, Barack Obama a laissé couler ses larmes à l’évocation du massacre d’une vingtaine d’enfants dans une école élémentaire de Newton, Connecticut, en décembre 2012. Il a annoncé la mise en place de règles plus strictes sur la détention et le port d’armes par le biais de son pouvoir exécutif, en court-circuitant le Congrès.
Ses actes seront certes contestés par l’association des propriétaires d’armes et il ne lui sera peut-être pas possible de mener son projet à bout au cours de sa dernière année à la Maison Blanche. Barack Obama a donc également appelé les électeurs américains à ne pas soutenir un candidat qui se dirait en faveur de la liberté de posséder des armes à feu sans contrôles plus stricts. Il a juré de faire tout ce qui était en son pouvoir pour que la question soit l’un des thèmes majeurs de la campagne présidentielle, tout en assurant qu’il n’entendait pas porter atteinte au 2e amendement de la constitution qui affirme cette liberté.
Obama veut faire contrôler l’achat d’armes à feu
Mais étaient-ce bien des larmes de véritable émotion ? Elles seyaient en tout cas à merveille à la mise en scène orchestrée par la Maison Blanche. Son objectif : mettre en balance le droit de pratiquer le culte, de se rassembler et de vivre sa vie paisiblement.
Au lendemain de la tuerie de Newton, Barack Obama n’avait pas caché son espoir de changer les choses. C’était sans compter avec la puissante influence de la National Rifle Association (NRA) qui, selon Obama, corrompt jusqu’aux législateurs, qu’il accuse de l’avoir empêché de mener à bien son projet. Obama compte revenir à la charge lors d’une interview télévisée jeudi sur CNN, ainsi qu’au cours de son discours sur l’état de l’Union, mardi prochain.
Massacres, larmes, émotion : tout pour le contrôle des armes à feu
Obama s’attaque là à l’un des droits les plus farouchement défendus par un grand nombre d’Américains. Au titre des mesures envisagées par le Président, les vendeurs d’armes devront disposer d’une licence et les acheteurs devront se soumettre à une vérification de leurs antécédents. Ainsi, le Département américain pour l’alcool, le tabac, les armes à feu et les explosifs (ATF) est-il en train d’émettre des recommandations visant à contraindre davantage les vendeurs d’armes à contrôler, en lien avec le FBI, le casier judiciaire et les antécédents psychologiques des acheteurs. Pour Chris Cox de la NRA, cette proposition est un « abus de pouvoir ».
La dénonciation de l’abus de pouvoir ne concerne pas seulement la proposition elle-même, mais aussi l’attitude du pouvoir exécutif américain : en effet, les membres du Congrès affirment qu’Obama outrepasse les limites du pouvoir exécutif prévues par les pères fondateurs des Etats-Unis. Barack Obama est un habitué de ces manœuvres, que ce soit dans le cas de l’ObamaCare dont il choisit les clauses qui seront applicables ou non, ou encore avec le récent projet de loi de dépenses omnibus voté par le Congrès pour justifier ses dépenses exécutives. Ainsi des Républicains du Congrès ont-ils dénoncé l’illégalité des mesures annoncées par Obama sur les armes mais sans affirmer que les élus s’opposeraient aux mesures budgétaires qui devront nécessairement les accompagner.
Au vu de ce qui vient de se passer dernièrement au Congrès où la droite républicaine signe blanc-seing sur blanc-seing (projet de loi de finances 2016 et réforme du système éducatif), il se pourrait bien que le culot d’Obama paie une fois de plus. Car ce qui manque le plus à la classe politique de l’opposition, ce n’est pas le droit et le pouvoir, c’est le courage.