Un pasteur d’Irlande du Nord relaxé après avoir dit sa « méfiance » à l’égard des musulmans adhérant à la charia

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Le pasteur James McConnell.

 
Un pasteur d’Irlande du Nord, James McConnell, vient d’être relaxé par un tribunal de Belfast de poursuites publiques engagées à son encontre à la suite d’un sermon où il avait exprimé sa « méfiance » à l’égard des musulmans adhérant à la charia. Le juge Liam McNally a estimé que sans être aimables, les propos du pasteur relevaient de sa foi profondément ancrée et qu’ils s’adressaient en priorité aux fidèles de sa congrégation évangélique.
 
Les propos remontent à mai 2014. McConnell avait critiqué longuement la charia, affirmant au passage : « On dit qu’il y a de bons musulmans en Grande-Bretagne – c’est peut-être vrai – mais je ne leur fais pas confiance. L’islam est païen, l’islam est satanique, l’islam est une doctrine issue de l’enfer. »
 

La méfiance vis-à-vis des musulmans et de la charia couverte par la liberté d’expression

 
Après que des tentatives de poursuite sur d’autres bases s’étaient révélées infructueuses, le gouvernement britannique s’était résolu à poursuivre la diffusion des propos en « live » sur internet, aux termes d’une loi des communications qui pénalise les déclarations « grossièrement offensantes ». L’audience eut lieu en décembre. Le ministère public affirma à cette occasion que le prévenu avait parfaitement le droit de qualifier l’islam de « païen, satanique, issu de l’enfer », mais qu’il avait dépassé les limites en affirmant qu’il ne faisait pas confiance aux musulmans.
 
Le pasteur devait répondre que sa méfiance ne visait que les musulmans qui adhèrent à la charia. Il affirma n’avoir aucune animosité à l’égard des musulmans en tant que personnes : « Je ne leur ferais aucun mal, je ne toucherais pas un cheveu de leur tête. »
 

Un juge d’Irlande du Nord relaxe un pasteur qui critique l’islam

 
Au cours du jugement rendu le 5 janvier, le juge McNally a indiqué que les propos sur la nature de l’islam relèvent de la liberté d’expression protégée en matière religieuse. Il a estimé que la méfiance affichée par le pasteur McConnell avait une dimension « offensante » mais ne justifiait pas une condamnation pénale. Les propos « grossièrement offensants » encouraient amende et emprisonnement.
 
« C’est un homme qui a des croyances fortes, passionnées et sincères », a constaté le juge pour qui le pasteur ne cherchait pas du tout à s’adresser au monde entier par internet, mais plutôt à prêcher au bénéfice de sa propre agrégation, avec un « enthousiasme qui lui a fait perdre la mesure ». Il n’avait en aucun cas l’intention d’offenser les musulmans, a poursuivi le juge. « S’il avait précisé cela dans son sermon, et dit de manière claire et précise pourquoi la charia le répugne, il aurait pu s’épargner beaucoup d’ennuis », a déclaré le juge. « La manière dont il a exprimé cela a, de mon point de vue, caractérisé les fidèles de toute une religion de manière stéréotypée. Mais les cours doivent faire très attention à ne pas critiquer des paroles qui, quoique détestable, ne font qu’offenser. Il n’appartient pas à la loi pénale de censurer des paroles offensantes. »
 
McConnell a déclaré à la suite de l’audience il n’avait en rien cherché à blesser, ajoutant qu’il aimait les musulmans et les aiderait si ceux-ci le lui demandaient, non sans préciser : « Mais je suis totalement opposé à leur théologie et à leurs croyances. »
 
Evangéliques ou presbytériens, des responsables d’Eglises en Irlande du Nord se sont réjouis de la relaxe mais soulignent que la démarche engagée par le ministère public montre bien la volonté de l’Etat de restreindre la liberté de parole, de pensée et de conscience pour imposer le politiquement correct.
 
McConnell lui-même a reçu le soutien de Muhammad al-Hussaini, chercheur en études islamiques au Westminster Institute, ainsi que d’un certain nombre d’athées.
 
Toute cette affaire aura duré 18 mois, conduisant le pasteur à comparaître sept fois devant la cour de Belfast. Cela a entraîné des dépenses publiques dont le pasteur a affirmé qu’elles auraient été mieux employées à autre chose. Mais il s’est réjoui de ce que l’intégralité de son sermon litigieux ait été diffusée au cours de l’audience, bien que les propos poursuivis n’avaient pris que 35 secondes : « Je ne crois pas avoir converti quiconque au tribunal mais au moins, ils ont tous été obligés d’écouter l’Évangile. »
 

Anne Dolhein