Préoccupée par ce qu’elle considère être des atteintes à l’Etat de droit de la part du nouveau pouvoir polonais, la Commission européenne envisageait, ce mercredi, d’engager une procédure d’évaluation à l’encontre de la Pologne, qu’elle accuse ni plus ni moins d’autoritarisme. A Varsovie, on répond calmement : souverainisme.
Zbigniew Ziobro, le ministre polonais de la Justice, qui avait déjà répondu aux critiques du vice-président de la Commission européenne Frans Timmermans, a dénoncé mardi les pressions ainsi faites sur un Etat souverain, et notamment en ce qui concerne le débat sur la nouvelle loi sur le Tribunal constitutionnel ou les media.
La Pologne et l’Etat de droit
« J’ai pris connaissance de vos reproches injustifiés et de vos conclusions inadmissibles d’abord par les media, puis par lettre officielle. J’en ai conclu que votre lettre constituait une tentative de pression sur un parlement démocratiquement élu et sur le gouvernement de l’Etat souverain qu’est la Pologne », répond, avec force, le ministre.
Zbigniew Ziobro a en outre invité Frans Timmermans à se rendre en Pologne, et l’a prié d’observer une plus grande retenue dans les leçons à donner à un Etat souverain et démocratique.
Le ministre avait déjà répondu en ce sens, la semaine dernière, au Commissaire européen au Numérique, Günther Oettinger, qui avait menacé Varsovie d’enclencher une procédure pour violation des valeurs fondamentales de l’Union européenne. « Ce genre de propos tenus par un homme politique allemand font ressurgir de pires associations parmi les Polonais, écrit Zbigniew Ziobro. Y compris chez moi. Je suis petit-fils d’un officier polonais qui, pendant la Seconde Guerre mondiale, avait combattu au sein de l’Armée du pays clandestine contre l’occupation allemande. »
Pas d’autoritarisme, mais du souverainisme
Le premier ministre polonais, Beata Szydlo, a renchéri dans le même sens, mardi, en annonçant qu’elle se rendrait le 19 janvier prochain à Strasbourg afin de participer au débat sur la situation politique dans son pays, débat qui doit se tenir au Parlement européen. « Il est évident pour moi que le premier ministre polonais représente son pays chaque fois qu’il faut défendre la réputation de la Pologne », a-t-elle déclaré.
Beata Szydlo s’est d’ailleurs déjà entretenue mardi pendant trois quarts d’heure au téléphone avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker sur ces questions. Le ministre des Affaires étrangères, Witold Waszczykowski, a précisé que, à cette occasion, le président de la Commission européenne a déclaré à son interlocutrice qu’il n’y avait aucune guerre entre la Pologne et l’Union européenne.
Varsovie a d’ailleurs décidé de rendre plusieurs visites aux divers responsables politiques européens afin de clarifier toutes ces tensions, potentiellement génératrices d’une nouvelle crise politique. Ainsi, le président Andrzej Duda se rendra-t-il, le 18 janvier, à Bruxelles, et Beata Szydlo devrait rendre visite aux autorités allemandes d’ici un mois.
Bruxelles s’inquiète. Parce que la démocratie, ce n’est manifestement plus un processus électoral, mais l’application des décisions prises par l’oligarchie européenne…