La prolongation de l’état d’urgence en France au-delà de la fin du mois de février, date à laquelle il devrait prendre fin, est sérieusement envisagée par François Hollande. C’est du moins ce que rapportent le socialiste Claude Bartolone et le Républicains Gérard Larcher, respectivement président de l’Assemblée nationale et du Sénat, qui, reçus mercredi par le chef de l’Etat, affirment aujourd’hui que prolonger l’état d’urgence est pour lui « tout à fait probable ».
« Il nous a annoncé qu’il aura l’occasion de communiquer très vite pour permettre au Conseil d’Etat et au Parlement de se prononcer sur ce texte », a ainsi précisé, au sortir de cet entretien, Claude Bartolone dans la cour de l’Elysée. Gérard Larcher a rappelé, pour sa part, que cela supposait une procédure précise : « Le Parlement doit donc être saisi d’un texte présenté en conseil des ministres avec l’avis préalable du Conseil d’Etat. »
Prolonger l’état d’urgence
Une telle annonce n’est pas tout à fait une surprise. Le matin même, au sortir du conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll avait lié « les discussions en cours sur la question de l’état d’urgence » et « une menace terroriste à un niveau toujours extrêmement élevé », ce qui prouve que François Hollande avait déjà fait part de son intention à son gouvernement.
Le ministre de l’Intérieur, qui avait, ces derniers jours, fait état des résultats positifs de l’état d’urgence, franchit un nouveau pas en assurant désormais qu’il ne faut pas « se priver des outils utiles ». « Il nous faut donc ajuster le dispositif en continu pour être efficaces », précise Bernard Cazeneuve.
Quant à Manuel Valls, qui traînait un peu la patte sur ces sujets en fin d’année dernière, il déclare que « ça a été efficace dans la durée et il faudra sans doute continuer ». « Un pays aussi a besoin de se sentir rassuré », conclut le premier ministre.
Comme par hasard, un sondage Yougov publié la semaine dernière nous apprenait que 77 % des Français sont favorables à la prolongation de l’état d’urgence. On se demande où ils vont les chercher ; mais, de toute façon, ça se trouve bien… Et tant pis si la gauche est encore largement divisée sur le sujet. La désunion, à gauche, n’est même plus un sujet, mais un état de vie.
L’inquiétude de François Hollande
On ne sait pas, au final, si ce n’est pas surtout le gouvernement qui a besoin de se sentir rassuré. On nous explique, en effet, que les autorités de la République sont aujourd’hui soucieuses de ne pas prendre le risque d’échouer à empêcher un nouvel attentat dans un contexte de menace « extrêmement élevée », et donc de ne pas se priver des moyens que leur donne ce régime d’exception, du moins tant que la future loi renforçant les moyens de lutte antiterroriste ne sera pas entrée en vigueur, et que l’état d’urgence ne sera pas inscrit dans le marbre constitutionnel.
Mais cette explication signe, par elle-même, l’échec de la politique de François Hollande. S’il ne peut plus gouverner – et encore… – qu’à coups d’état d’urgence et de mesures d’exception, c’est qu’il est incapable de faire face, de façon « normale » n’est-ce pas, à la crise de notre société.
L’échec socialiste
Croit-il réellement qu’il suffira d’écrire dans la loi fondamentale de notre pays que la France est devenue, en quelque sorte, un état policier, pour que la situation s’arrange ?
Le président et son premier ministre semblent bien incapables, lorsque l’on prend la peine de les écouter, de répondre à cette question. Ils sont dans la fuite en avant jusqu’au gouffre de 2017…
Le leur ? Ou le nôtre !