Le Mot : Puff

Le Mot Puff
 

C’est le nom donné à ces cigarettes électroniques jetables où se fume une matière chargée de nicotine, parfumée à la fraise, à la pastèque ou à la figue, qui ne coûtent rien et attirent particulièrement les jeunes : lancées en Amérique en 2019, elles font un tabac en France depuis l’an dernier, un sur dix des 13-16 ans les a déjà essayées. Or l’Académie nationale de médecine qualifie ces puffs de « piège sournois pour les enfants et les adolescents », qui peut les mener en douceur vers le tabagisme. C’est pourquoi l’Assemblée nationale, dans un élan de vertu soutenu par le Premier ministre Elisabeth Borne (qui elle-même vapote en séance), a voté son interdiction, qui ne devrait pas manquer d’être confirmée par le Sénat. Quand il s’agit de la santé de la jeunesse, il faut agir dans l’urgence, c’est bien. Sauf que le texte est plébiscité par les écolos et la gauche, qui demandent de l’autre main la légalisation des drogues dites « douces » (un autre « piège sournois » vers les drogues dures). Autre détail déterminant : le texte devra être soumis, une fois sa constitutionnalité vérifiée, à la Commission de Bruxelles, qui aura six mois pour statuer, et autoriser la loi ou la retoquer. Imaginons qu’elle soit vraiment capitale pour la jeunesse française : cette procédure est-elle admissible ? Quid de l’urgence, et quid de la souveraineté ? De la fin du dix-huitième siècle au début du vingtième, on le trouve encore dans Gide, le mot Puff signifiait publicité outrancière et mensongère, tromperie de charlatan. La neuvième édition du dictionnaire de l’Académie française donne « acte tapageur, trompeur et vaniteux », tout en le signalant « vieilli ou littéraire ».