Robert Badinter, le vieux sage de la gauche, a remis ce matin à François Hollande son rapport sur la réforme du droit du travail. Le parti socialiste et le gouvernement sont divisés, notamment sur la question des 35 heures, mais tous sont d’accord avec la droite pour ne rien changer aux causes du chômage, qui sont la soumission au système mondialiste et l’ouverture des frontières.
Le couple Badinter pèse d’un poids particulier dans la pensée de la gauche. Elisabeth, l’épouse, philosophe et héritière de la fortune Bleustein-Blanchet, se trouve en pointe sur l’incompatibilité entre féminisme et islam. Robert, l’époux, l’ami de François Mitterrand, ancien président du conseil constitutionnel, ancien garde des sceaux ayant imposé l’abolition de la peine de mort, demeure l’une des rares figures indiscutées du parti socialiste : que François Hollande l’ait choisi pour remettre ce rapport sur la réforme du droit du travail montre toute l’importance qu’il attache au sujet, du moins veut-il que les Français le croient –il est vrai qu’il conditionne sa candidature à la présidentielle de 2017 à la mythique « inversion de la courbe du chômage ».
Les 35 heures divisent la gauche
Une part des médias insiste sur l’épaisseur du rapport Badinter, et sur l’ampleur du chantier de la réforme du droit du travail qui doit durer, nous dit-on, deux ans. C’est l’un des grands projets de François Hollande, à cheval sur deux quinquennats, espère-t-il. La presse plus polémique préfère relever la division de la gauche. Division du gouvernement, le ministre de l’économie Emmanuel Macron tenant pour la suppression sans le dire des 35 heures, quand le ministre du travail, Myriam El Khomri, est résolument contre. Division qui touche toutes les troupes et tous les chefs. Anne Hidalgo, autre poids lourd de la gauche, a soutenu sa consœur Myriam et « taclé », comme dit la presse, Macron, en proclamant que « la question, c’est surtout comment on préserve un modèle social ».
L’ouverture mondialiste des frontières est la cause du chômage
Elle dit la vérité. Ce qui est en cause, c’est le fameux « modèle social français », et ce n’est pas une énième réforme du droit du travail qui peut résoudre le problème. Il faut prendre les choses dans leur ensemble et les dire simplement : la cause profonde du chômage aujourd’hui est l’ouverture des frontières. Or cette cause a été plébiscitée par nos élites économiques et politiques depuis quarante ans, gauche et droite confondues. Cela, pour des raisons politiques et idéologiques sur lesquelles on ne reviendra pas : à travers l’Europe et le libre-échange, c’est le système mondialiste qui se met en place peu à peu. La gauche y voit la victoire d’un socialisme mondial et mondialiste, la droite celle d’un capitalisme mondial et mondialiste, et les deux ont raison : il n’y a nulle contradiction ici, comme l’avait déjà vu Karl Marx, pour qui le libre-échange est l’un des grands moyens de la révolution.
Il est donc hors de question que François Hollande, ou son successeur, de droite ou de gauche, revienne sur l’ouverture des frontières qui est la cause du chômage, puisque le but de la révolution mondialiste est précisément le transfert des emplois du Nord développé au Sud à développer. (Et que l’on ne dise pas que l’Allemagne, avec les frontières ouvertes, s’en tire : elle s’en tire mal, avec des millions de gens en difficulté avec de micro-jobs. Ce qu’il faut comparer, c’est cette survie difficile à la croissance qu’elle connaîtrait hors du libre-échange intégral.)
Rapport Badinter et réforme cosmétique du droit du travail
Devant cette réalité imposée, tout ce que peuvent faire nos petits systèmes nationaux, c’est s’adapter aux règles fixées par le grand système mondialiste. Telle est la fonction de la réforme du droit du travail annoncée à son de trompe par le rapport Badinter. On va partager de manière différente le peu d’emploi qui subsiste. C’est de la thérapie cosmétique. Le modèle français va forcément disparaître, de même que le pays s’appauvrit, que le chômage croît et que l’espérance de vie diminue. Telle est la certitude que nos élites actuelles ne peuvent pas remettre en cause. Seule une profonde révolution politique pourrait la changer.
Est-elle possible ? C’est une autre question. Mais, au cas où, il est bon de regarder ailleurs en Europe pour mesurer ses chances de réussite. Le cas de la Pologne est intéressant. Le nouveau gouvernement s’y est rendu coupable de veiller un peu à l’intérêt national : l’Europe mondialiste l’a aussitôt mis sous surveillance, et lance des procédures de rétorsion. Il sera très nécessaire d’analyser en détail comment elle s’y prend. Et ne croyez pas que l’on s’éloigne du rapport Badinter, des 35 heures, du chômage et de la réforme du droit du travail, on est en plein dedans : on y observe comment le système mondialiste s’y prend quand quelqu’un ose s’opposer à lui. Une réaction analogue menacerait le gouvernement qui entreprendrait de redresser la France.