Douze pays ont signé jeudi, à Auckland, le Traité transpacifique, frère jumeau du fameux Traité transatlantique, alors que des manifestions d’opposition rassemblant des milliers de protestataires se déroulaient dans les rues de la capital néo-zélandaise. Les négociations sur les termes du traité de libre-échange s’étaient achevées en octobre dernier à Atlanta : Obama et ses homologues n’ont pas perdu de temps pour passer à l’étape suivante, une étape vers la mondialisation complète, sur le modèle de l’Union européenne auquel le TPP se conforme assez bien.
La vague d’opposition monte également dans tous les Etats-Unis, touchant tout le spectre de la représentation politique. Les chantres du mondialisme et autres adeptes du capitalisme de connivence qui ont soutenu l’Obamatrade (tel que ses détracteurs le surnomment) auront certainement plus de difficultés qu’ils ne le pensaient à faire adopter le TPP par le Congrès.
Tout l’éventail politique des Etats-Unis manifeste son opposition au TPP
A l’occasion des primaires, aucun candidat y compris ceux de l’Establishment n’a osé exprimer son soutien au TPP. C’est dire si l’Obamatrade ne fait pas l’unanimité au sein de la classe politique américaine. Les membres du Congrès sont vent debout contre ce projet de libre-échange qui anéantira disent-ils, la souveraineté et l’économie des Etats-Unis
Les citoyens américains de tous bords politiques, des syndicats aux défenseurs de l’environnement, en passant par les défenseurs des libertés civiles et ceux de la constitution, forment ainsi l’opposition que les douze pays signataires ont engendrée eux-mêmes, ne serait-ce que par le secret qui a enveloppé les négociations du TPP. Même les Démocrates les plus à gauche, pourtant dans le camp d’Obama, appellent à barrer la route le TPP au Congrès dans la mesure où personne n’aura le temps d’en faire retirer les clauses les plus désastreuses, Obama poussant à la roue pour que la ratification ait lieu le plus rapidement possible.
Les Républicains de façade, proches de l’Establishment, sont également sceptiques et expriment leurs doutes. Le porte-parole du Congrès lui-même, Paul Ryan, a reconnu que certains points soulevés par les législateurs méritent d’être examinés.
Le Traité transpacifique, un projet porté par Obama
L’administration Obama fait pourtant pression pour faire avancer la ratification. Disposant déjà du pouvoir de décision accélérée qui lui a été accordé par le Congrès en matière de politique commerciale par les Républicains il y a quelques mois – le « Fast-track » –, la Maison Blanche compte faire jouer ses liens avec le grand capital, notamment la Chambre de Commerce américaine, afin de faire pression sur les Républicains les plus proches de l’Establishment. Il y va du succès du TPP.
Pour le sénateur Jeff Sessions, le Traité transpacifique « aura pour effet prévisible, et certainement même désiré, de mettre une plus grande distance entre les gouvernés et ceux qui les gouvernent ». Car il s’agit bien, au travers du TPP, de donner les rênes à des autorités de régulation non élues, qu’il sera impossible de révoquer ou de destituer. Voilà qui « affaiblirait l’ultime rempart de protection du peuple, à savoir l’assemblée élue du Congrès », a affirmé Jeff Sessions.
Douze pays ont signé le TPP ; les Etats-Unis en profiteront le moins
La mise en œuvre du TPP aurait pour conséquence d’accroître les délocalisations et « d’enrichir les autres pays » aux dépens des Etats-Unis, affirme quant à lui Donald Trump, qui a promis d’enterrer ce traité une fois pour toutes s’il est élu président.
L’équipe de Donal Trump rappelle d’ailleurs des chiffres alarmant relatifs à un autre grand traité commercial conclu par les Etats-Unis, le Mexique et le Canada : NAFTA (North America Free Trade Agreement). Le déficit commercial des Etats-Unis avec ses deux voisins a littéralement explosé passant de moins de 20 milliards de dollars à plus de 200 milliards de dollars, depuis l’entrée en vigueur du traité nord-américain.
Idem pour le déficit avec la Corée du Sud qui a grossi de 12 milliards de dollars depuis 2012, année de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange américano-coréen.
Le communiqué de l’équipe de campagne de Donald Trump affirme plus généralement que ce type de traité ne pourra que détruire davantage d’emplois sur le sol américain, jouant à l’avantage de partenaires – y compris des dictatures – qui peuvent se livrer à la guerre des monnaie au dumping social. Le TPP, affirme le communiqué, brade la souveraineté américaine au profit de « bureaucrates internationaux et de sociétés transnationales » (dont le pouvoir de nuisance n’est plus à démontrer).
Ainsi, selon les prévisions de la Banque Mondiale, le Vietnam communiste serait le principal bénéficiaire du TPP qui lui permettrait d’accroître son PIB de 10 %. Les gouvernements islamiques de Malaisie et de Brunei arrivent au deuxième rang avec une augmentation de PIB qui pourra atteindre entre 5 et 8 %. L’économie américaine se situe bonne dernière avec 1 % de croissance de PIB.