Ave, César ! est le dernier film, très attendu, des talentueux frères Coen. Ils sont à nouveau au meilleur de leur forme avec cette comédie. Des aventures tragi-comiques qui se situent dans le monde des studios d’Hollywood d’après 1945. Les réalisateurs rendent un vibrant hommage à l’usine à rêves, qui a atteint son maximum d’activité au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale. Le seul repère temporel précis donné, incidemment, est celui de l’explosion de la première bombe H américaine, le 1er novembre 1952.
 
Le personnage central est un gestionnaire superviseur du personnel, un « fixeur », Eddie Mannix : il veille à la bonne marche des plateaux de tournage, ce qui est déjà beaucoup, mais aussi au contrôle de l’image des vedettes, régulièrement compromises par leurs frasques. Il diffuse aussi des rumeurs positives aux correspondants de presse. Ses traversées des différents studios offrent un kaléidoscope à la fois amusant et nostalgique des films tournés durant toutes ces années, avec des genres passés de mode comme le western, ou plus encore les chorégraphies aquatiques, ou les comédies musicales avec claquettes.
 

Ave, César ! fera date

 
Le souci principal d’Eddie Mannix est la disparition, en plein milieu du tournage, de l’acteur vedette d’un péplum, intitulé Ave, César !, qui narre la conversion du centurion romain au pied du Golgotha, lors de la Crucifixion du Christ. Malheureusement, le péplum biblique se fait aujourd’hui des plus rares, indice clair de déchristianisation de nos sociétés. En fait, cet acteur a été enlevé par une cellule secrète du parti communiste américain. Certains critiques ont voulu voir de ce fait dans ce film un manifeste procommuniste, ce qui n’est pas le cas.
 
Ave, César ! est à voir pour les amoureux du cinéma. Il offre un pendant comique au tragique Dernier Nabab (1976), et qui fera date.
 

Hector Jovien