Le commissaire européen à l’Agriculture a tenté mercredi de calmer les inquiétudes des agriculteurs français, dont il a écouté les doléances lors d’une réunion en marge du Salon de l’agriculture. Phil Hogan a fait une nouvelle fois le déplacement de Paris afin de leur promettre des solutions…
Phil Hogan aura évité le Salon proprement dit. A cause de son « emploi du temps », a-t-il expliqué. Pas question surtout pour le commissaire européen de subir l’accueil mouvementé réservé ces derniers jours à François Hollande et Manuel Valls. C’est à l’écart que s’est tenue la réunion au cours de laquelle il a rencontré, aux côtés du ministre français de l’Agriculture Stéphane Le Foll, les représentants des principaux syndicats agricoles et ceux des fédérations des différentes filières bovine, porcine, laitière et ovine.
Le commissaire européen à l’Agriculture rencontre les agriculteurs français
Si chacun s’est félicité d’une telle rencontre, il n’est pas sûr qu’il en sorte grand chose. Après avoir entendu ses interlocuteurs, Phil Hogan a déclaré : « Je vois et comprends les difficultés », et promis de « faire de son mieux en fonction des contraintes réglementaires et financières », assurant que le conseil des ministres de l’Agriculture qui doit se tenir le 14 mars à Bruxelles « ne sera pas juste un autre débat ».
Et, pour rassurer les participants à cette rencontre, il a déclaré le soir-même dans un communiqué : « La Commission est déterminée à trouver des solutions qui tiennent réellement compte de la gravité de la crise actuelle. »
Les agriculteurs y ont-ils cru ? Un homme politique peut manifester la meilleure bonne volonté ; mais lorsqu’il évoque les « contraintes réglementaires et financières », on sait d’avance qu’il ne sortira pas des sentiers battus.
Certes, Phil Hogan a notamment affirmé la volonté de l’exécutif européen de discuter avec la Russie, afin de parvenir à la levée de l’embargo sur les exportations européennes de viande de porc qui pèse lourdement sur la filière porcine.
Et Stéphane Le Foll a avancé, en réponse à une demande récurrente des agriculteurs, l’idée d’une dérogation pour la France en termes d’étiquetage affin de faire figurer l’origine des viandes sur l’ensemble des produits, frais et transformés.
Phil Hogan dans les limites du système européen
De leur côté, les agriculteurs ont fait part de leurs doléances. Thomas Diemer, président des Jeunes agriculteurs, a ainsi dénoncé « l’immobilisme » des institutions européennes. « Cette crise très violente chez nous existe aussi au niveau européen », a-t-il insisté.
« On a l’impression d’être dans une dérive où le marché européen est un espace extrêmement violent de libéralisme », a renchéri Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne.
Ils n’en ont pas moins rappelé leur attachement à la construction européenne. Un soulagement manifeste pour le représentant de la Commission européenne : la discussion ne sortira pas du cadre défini d’avance…