Loi sur le travail : Manuel Valls en route vers un compromis

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Les dirigeants de l’Unef, Sacha Feierabend et William Martinet, reçus par Myriam El Khomri, Manuel Valls et Emmanuel Macron, le 11 mars 2016 à Matignon.

 
Manuel Valls serait-il sur le point d’évoluer en ce qui concerne la loi El Khomri et réforme du Code du travail ? On aurait pu penser le contraire, compte-tenu du mécontentement affiché par les syndicats étudiants et lycéens après leur rencontre avec le premier ministre vendredi. Quoi qu’il en soit, il promet dorénavant de dévoiler, dès lundi, un compromis.
 
Manuel Valls évoque même un compromis « dynamique et ambitieux ». On ne peut s’empêcher de sourire en entendant le premier ministre s’exprimer ainsi. Parce que c’est le même dynamisme, et à peu près les mêmes termes qu’il employait il n’y a guère pour faire accepter le projet de loi El Khomri. Mais c’est sans doute le propre de certains politiques d’être courageux et dynamique y compris dans la reculade. « Courage, fuyons ! », en quelque sorte…
 

Un compromis pour Manuel Valls

 
Sur le fond, il n’est pas sûr que Manuel Valls lui-même croie à son propre verbiage. L’UNEF et les syndicats lycéens qu’il rencontrait vendredi ont manifesté en le quittant que « le désaccord de fond rest(ait) entier ». William Martinet, président de l’UNEF, précisait : « Ce gouvernement reste sur la même logique et nous explique qu’il faudrait précariser le marché du travail pour que les jeunes puissent accéder à l’emploi. » En promettant donc « d’amplifier la mobilisation »… Les 17 et 31 mars, pour commencer. Et peut-être plus tard.
 
Dans ce désaccord, le premier ministre fait figure de maillon faible. Parce qu’il commence à reculer sans persuader ses interlocuteurs de construire avec lui ce compromis qu’il appelle désormais de ces vœux.
 
Mais surtout, en définitive, parce que cette reculade se fait contre sa volonté. Le premier ministre a beau affirmer que « réformer (…) ça n’est pas passer en force, ça n’est pas brutaliser », cela paraît tellement à l’opposé de ce que, justement, il a essayé de faire, qu’il n’est pas crédible.
 
Il ajoute d’ailleurs, en cherchant à se justifier : « Il y a un débat dans le pays (…) autour de l’inquiétude de la jeunesse. La jeunesse, c’est la priorité du quinquennat de François Hollande. » L’ombre du président de la République n’est pas ici innocente. On imagine facilement que François Hollande a, une nouvelle fois, contraint son premier ministre à revoir sa communication, et sans doute sa position. Et leur unanimisme de façade n’abuse plus personne…
 

François Hollande a besoin d’un texte sur le travail

 
On comprend bien l’optique du chef de l’Etat. Dans l’état d’impopularité qui est le sien, il lui faut, à défaut de réussir, aboutir. C’est-à-dire présenter effectivement une réforme, un projet de loi qui puisse passer devant le Parlement. Qu’importe que le contenu en ait été auparavant vidé, et qu’il ne contienne, à la fin, plus grand-chose, sinon, peut-être, du vent ou pire, un alourdissement des charges sur les CDD.
 
Si François Hollande y parvient, il pourra tenter, l’année prochaine, de nous dire que, certes, il n’a pas réussi à faire reculer le chômage, mais il a réussi à doter le pays de l’instrument nécessaire pour y parvenir. Qu’on veuille donc bien lui accorder un peu plus de temps, et donc un nouveau mandat, et l’on verra ce que l’on verra…
 
Et tant pis si Manuel Valls doit, pour cela, gober des couleuvres.
 

François le Luc