Barack Obama a quitté l’Europe, lundi, après un séjour à Londres et en Allemagne. Un séjour mitigé pour Barack Obama puisque le soutien pour l’accord commercial transatlantique qu’il était venu – entre autres – chercher, lui fait défaut. Hormis Angela Merkel, qui pour cela se trouve « du bon côté de l’histoire », les Européens, y compris en Allemagne, ont manifesté qu’ils avaient déjà beaucoup à faire avec leurs problèmes sans se charger en outre d’un accord essentiellement favorable aux Américains. En l’état du moins…
Sur un ton qu’il voulait humoristique, Barack Obama avait lancé à son hôte en visitant la Foire industrielle de Hanovre : « Voilà une nouvelle occasion pour moi de dire : venez chez nous et achetez des produits américains. »
Le président américain quitte l’Europe les mains plus vides qu’il ne l’espérait
Une plaisanterie qui est tombée à plat, parce que c’est effectivement ce que les Européens reprochent aux Américains. Même Angela Merkel, pourtant acquise à l’idée du TTIP, n’a pu s’empêcher de lâcher : « Buy German serait pas mal non plus ! »
De fait, lundi, tandis que les négociateurs européens et américains reprenaient les discussions à New York, Barack Obama peinait à avoir l’oreille des chefs d’Etat et de gouvernement français, italien et britannique qui avaient fait le déplacement pour l’occasion.
Même si Angela Merkel pèse de tout son poids dans l’affaire, il semble qu’elle ne doive pas être réellement suivie, ni par ses partenaires européens qui la soupçonnent de vouloir faire cavalier seul avec la Maison Blanche en cette affaire, ni même par ses compatriotes. Selon une récente enquête de la Fondation Bertelsmann, seuls 17 % des Allemands jugent aujourd’hui que le TTIP est une bonne chose, alors qu’ils étaient 55 % il y a deux ans. Angela Merkel devrait y prendre garde. Ce sont a priori ses électeurs qui y sont les plus réticents.
Il faut dire que Barack Obama n’a pas mieux à présenter. Les Américains, qui étaient 53 % à le soutenir sur cette question en 2014 ne sont plus désormais que 15 %…
Un soutien peu sûr
Heureusement, Barack Obama avait d’autres sujets de discussion plus faciles, si l’on peut dire, à évoquer avec ses partenaires : le terrorisme, la Syrie, la Libye, l’Ukraine, etc.
Brossant ses interlocuteurs dans le sens du poil en déclarant que le monde avait besoin d’une Europe « forte et unie », le président américain n’épargnait cependant pas les critiques : « L’Europe peut faire plus » dans la lutte contre l’Etat islamique ; « L’Europe a été parfois dans l’autosatisfaction concernant sa propre défense » ; etc.
Il n’en oubliait pas pour autant son objectif premier. « Les Etats-Unis ne peuvent pas être le seul moteur de croissance mondiale », a-t-il déclaré à ses partenaires européens.
Pour l’heure, les Européens semblaient satisfaits de n’avoir pas pliés sur ce point devant leur partenaire américain. On a même eu le droit à un cocorico quelque peu ridicule côté français. Mardi matin, le secrétaire d’Etat français au Commerce extérieur, Matthias Fekl, a ainsi déclaré : « Je ne vois pas l’Europe comme devant suivre le rythme des Etats-Unis. Le premier ensemble économique au monde, c’est l’Europe, (…) et donc l’Europe doit se faire entendre en tant que telle. »
Est-ce parce qu’il est franco-allemand ? Ou parce qu’il est jeune et socialiste ? Ça lui passera sans doute…