Les forces de l’ordre ont évacué lundi un campement qui s’était formé ces « dernières semaines », nous dit-on, sous le métro aérien au niveau de la station Stalingrad, dans le 19e arrondissement de Paris. La préfecture de Paris a précisé que « 1.619 personnes ont été mises à l’abri » et acheminées « vers des centres d’hébergement en Ile-de-France essentiellement ». On ajoute par ailleurs qu’il s’agit de l’opération la plus importante parmi la vingtaine menée depuis un an pour des campements de migrants délogés dans la capitale.
Peu après six heures, ce lundi, les premiers migrants, pour la plupart des Soudanais et des Afghans, sont montés dans des bus qui devaient les conduire dans des centres d’hébergement en Ile-de-France et en province. En présence d’Emmanuelle Cosse, ministre du logement, de Pierre Henry, le président de l’association France Terre d’asile, et des représentants de diverses associations et agences, comme Emmaüs ou l’Office français d’intégration et d’immigration, les forces de l’ordre ont donc organisé la dispersion de ces centaines de migrants vers des lieux prévus pour les accueillir.
Un campement de migrants délogé à Paris
Menée par la Ville de Paris, la préfecture d’Ile-de-France et la préfecture de police, l’opération s’est, semble-t-il, déroulé dans le calme. Il faut dire que les autorités n’avaient pas lésiné, et qu’un important dispositif policier avait été établi autour du campement, allant jusqu’à couper la circulation sur le boulevard de la Villette.
Cette opération pose toutefois un certain nombre de questions, auxquelles il n’est pas sûr que les autorités soient en mesure – ou aient envie… – de répondre.
Combien étaient les migrants de ce nouveau campement sauvage ? 400 à 500 personnes avaient été recensées la veille, mais, lundi matin, les migrants étaient très précisément « 1.619 ».
On évoque un campement établi ces « dernières semaines ». Ces toutes dernières semaines alors, puisqu’un autre campement avait été délogé, exactement au même endroit, au début et à la fin du mois de mars. Evidemment, on se pose la question de savoir s’il n’y avait pas, dans le tas, des migrants déjà évacués la dernière fois…
La station Stalingrad, habituelle terre d’accueil
D’autant que certains de ses occupants étaient déjà partis il y a une dizaine de jours rejoindre un autre campement, un squat établi dans un lycée désaffecté du 19e arrondissement dont le tribunal administratif a ordonné vendredi l’évacuation « sans délai », et qui sont peut-être revenus « s’établir » à Stalingrad.
Une vingtaine d’opérations, selon les autorités, un trentaine selon certains responsables associatifs, de « mise à l’abri » de ce genre ont été organisées à Paris depuis le 2 juin 2015, date de la première évacuation au campement clandestin de La Chapelle. Si on admet que, à chaque fois, ces migrants sont casés, cela signifie qu’il en arrive toujours d’autres. Ou alors il faut reconnaître que le système de placement est inopérant.
Dans tous les cas, on comprend que les autorités s’inquiètent de voir arriver, même si le flux semble s’être ralenti, de nouveaux migrants sur le territoire français. Et on ne peut que s’opposer une nouvelle fois à la politique de Bruxelles qui prétend toujours organiser un système de quotas. En dehors de toute autre considération politique, le simple bon sens veut que l’on règle déjà la situation de ceux qui sont effectivement là.
« La France n’est pas une terre de désordre et de pagaille »
Conscientes de la difficulté, les autorités ont tenu à essayer d’y répondre. Les migrants « vont demander l’asile » dans les centres d’hébergement, et « ceux qui ne le font pas ou se conduisent mal, on les met dehors », déclarait au cours de l’opération le préfet d’Ile-de-France, Jean-François Carenco. Avant de conclure : « La France n’est pas une terre de désordre et de pagaille. »
On aurait presque envie d’applaudir, si on ne se rappelait que cette situation faites d’arrivées massives et de campements clandestins est le résultat d’une politique insane. La France n’est peut-être pas une terre de désordre, mais ce sont bien ses autorités politiques, censées incarner l’ordre, qui y organise la pagaille…