A mi-chemin entre Cincinnati (Ohio) et Lexington (Kentucky), une réplique « Arche de Noé » a ouvert ses portes cette semaine à Williamstown. Le projet représente un coût de 100 millions de dollars. L’arche a été construite selon les dimensions spécifiées dans la Genèse, et fait plus de 155 mètres de long. Son inauguration a évidemment donné de l’urticaire aux laïcistes locaux…
La structure de sept étages est la plus grande œuvre à ossature en bois existant aujourd’hui au monde. Ce projet qui repose sur une lecture littérale du récit biblique du Déluge a bien évidemment des opposants… Pour Jim Helton, du groupe athée Tri-State Freethinkers (les Libres-penseurs du Kentucky, de l’Indiana et de l’Ohio ), ce parc à thème bafoue la science : « Ce bateau est en réalité une église qui produit des enfants scientifiquement incultes et qui leur ment sur la science »…
En réalité, il s’agit d’une affaire commerciale. Avec entrées payantes et levée de taxes sur les ventes… Cela ne correspond pas précisément au fonctionnement d’une église.
Ken Ham, président d’Answers in Genesis (« Les réponses sont dans la Genèse », un groupe chrétien qui fait la promotion d’une lecture littérale de l’Ancien Testament) a annoncé la mise en place du projet en 2010, se montrant optimiste quant à sa réussite commerciale… et évangélisatrice : « On viendra du monde entier ; je pense qu’il s’agira de l’une des plus grandes œuvres de rayonnement chrétien de notre époque. »
L’inauguration du parc Arche de Noé au Kentucky contestée par les libres penseurs
L’arche abrite de nombreuses expositions thématiques. On y propose des explications sur ce qu’a pu être la vie dans le bateau, le mode de vie de Noé avant le Déluge et son apparence physique. Le parc devrait attirer un million de visiteurs la première année.
Ironie des choses, celui qui aura le plus contribué au projet après Ham n’est autre qu’un ancien chroniqueur d’une émission de vulgarisation scientifique télévisée, Bill Nye. Alors que Ham avait des difficultés à trouver des financements, il a proposé à Nye un débat sur les questions de l’évolution et du déluge, débat qui a largement contribué à faire connaître son projet et à lever des fonds, au grand regret de Nye. Une vidéo de ce débat a été vue plus de cinq millions de fois sur Youtube !
Moins d’un mois après le débat, une émission d’obligations par la ville de Williamston avait permis de réunir 62 millions de dollars. A quoi vint s’ajouter une subvention du Kentucky d’un montant de 18 millions de dollars. De quoi prodigieusement agacer les opposants à l’arche. Le libre-penseur Jim Helton a aussitôt dénoncé une « violation flagrante de la séparation de l’Eglise et de l’Etat. »
La réplique de l’Arche de Noé et ses expositions pédagogiques sur le Déluge
Si les interrogations sur le financement public d’un tel projet sont légitimes, on peut être sûr ici que les questions et les critiques ont pour motif principal la dimension biblique du parc à thème. Seules les personnes reconnaissant le Christ comme Sauveur pourront y travailler – et elles doivent signer un document en ce sens à l’embauche.
On aurait tort de s’en offusquer dans la mesure où l’on imagine mal une école publique accepter d’engager un professeur de biologie opposé à la théorie de l’évolution, par exemple… On reste dans le domaine de la croyance.
A ceci près que pour ce qui est du récit du Déluge, il y a des faits scientifiquement constatés. L’objectif de Ken Ham est justement de faire comprendre par cette exposition que l’histoire de l’Arche de Noé s’inscrit dans le cadre d’un événement dont l’historicité est confirmée de diverses manières : « Le monde d’aujourd’hui est couvert de milliards de fossiles dans des strates géologiques laissées par l’eau. Même en haut des montagnes. » Et de nombreux récits anciens dans différentes cultures parlent d’un déluge.
Quoi qu’il en soit, que l’on accepte ou non la thèse du Déluge, le parc attirera beaucoup de monde, et la controverse alimentée par ses opposants ne fera qu’en accroître le succès. Malgré un… déluge d’oppositions de la part des ronchons de tout poil, le projet « Arche de Noé » est aujourd’hui à flot.