Pour Sarkozy, accepter le burkini serait « acter le recul de la république », pour Cazeneuve légiférer contre serait « inconstitutionnel », et Valls a soutenu des interdictions condamnées par le conseil d’Etat. Hommes et stratégies s’opposent : le projet mondialiste qui anime cette polémique de fin de vacances a plusieurs fers au feu.
Cela a de faux airs de remake de Clochemerle ou du Gendarme de Saint Tropez : les médias anglo-saxons, de New-York à Canberra en passant par nos délicieux amis britanniques, en font des gorges chaudes. Interdire le burkini ? C’est vraiment une lubie de mangeurs de grenouilles et d’amateurs de droit romain ! Le Huffington Post se fait un plaisir d’en donner une revue de presse. Absurdité, scandale, violation des libertés individuelles, tout ce que le puritanisme compte d’hypocrites apporte son coup de griffe à la France coupable de ridicule et d’islamophobie. Kenneth Roth, le patron pour l’Europe de Human Rights Watch, l’organisation non gouvernementale mondialiste de manipulation des opinions par les droits de l’homme y voit « le sommet de l’absurdité ».
Tempête médiatique dans un burkini
Naturellement, il y a un fond de bon sens sous une telle campagne : prendre des arrêtés, ou légiférer pour interdire une tenue de bain peut sembler à la fois disproportionné et inefficace : un marteau pilon pour écraser une mouche. Sans doute l’affaire de Sisko a-t-elle montré que le port du burkini comporte des dangers concrets, mais sont-ce les hommes ou le morceau de tissu les responsables ? Et les juristes ont eu beau jeu de noter que les arrêtés municipaux interdisant le burkini étaient mal rédigés, qu’ils ne pouvaient pas être bien rédigés, une loi manquant pour fonder la défense de l’identité française en la matière. Najat Vallaud-Belkacem a pu ironiser aisément sur l’absence de lien entre « terrorisme et tenue d’une femme à la plage », et le Conseil d’Etat saisi en référé par la Ligue des droits de l’homme et le Collectif contre l’islamophobie en France a sans surprise condamné l’arrêté de Villeneuve Loubet en constatant que le trouble à l’ordre public causé par le burkini n’était pas suffisamment établi. C’est vrai : constater que, dans l’affaire des spectacles de Dieudonné, le même Conseil d’Etat avait montré une conception bien plus extensive du trouble à l’ordre public ne change rien. Eût-il validé d’ailleurs l’arrêté que les plaignants se pourvoyaient raide comme balle devant les législations européennes, et se trouvaient sûrs de gagner.
La voie anglo-saxonne vers la république mondialiste
On se trouve ici en plein coup d’Etat des juges. En la matière, le vent souffle des Etats-Unis. Sur des questions semblables, la Cour suprême des Etats-Unis a toujours tranché en faveur du communautarisme en général et des musulmans en particulier. Elle a en particulier donné tort à l’entreprise Abercrombie d’avoir refusé d’embaucher une musulmane portant le voile. Pour deux cas semblables, en France et en Belgique, les cours de cassations saisies se sont ostensiblement défaussées sur la Cour de justice de l’Union européenne. En ce qui regarde la plus haute juridiction pénale française, cela revient à renoncer à faire prévaloir la loi de la République et s’en remettre, à l’encontre du principe de subsidiarité, à une instance supérieure, européiste et mondialiste.
Ici, on est dans un domaine un peu différent du burkini, puisque la manifestation religieuse n’a pas lieu à la plage mais dans l’entreprise. Il n’empêche que le mouvement est le même : revendication des musulmanes en croissance exponentielles, faiblesse et désarroi dans l’entreprise, lâcheté ou complicité des juges. Et, comme dans l’affaire du burkini, le mouvement vient du monde anglo-saxon. Plus précisément d’Australie, pays où le burkini a été inventé. Là-bas, le voile islamique devient « corporate », c’est-à-dire que les grandes entreprises proposent d’elles-mêmes à leurs salariées un uniforme doté d’un hidjab. La CBA, la Commonwealth Bank, a ainsi conçu un voile d’un joli gris qui masque intégralement les cheveux et le cou, frappé de son logo. Ainsi les guichetières de la CBA ne troubleront-elles plus leurs collègues hommes.
Valls et Sarkozy contre le burkini
Manuel Valls, lui est formel, « le burkini est un signe politique de prosélytisme religieux qui enferme la femme, (il) n’est pas compatible avec les valeurs de la France et de la République ». Notre premier ministre l’affirme, « la conception libérale des Anglo-Saxons n’est pas la (s)ienne ». Mais il n’a rien fait, ni pu, ni voulu faire contre l’arrêté du Conseil d’Etat annulant celui pris par le maire de Villeneuve Loubet qui interdisait le port du burkini. A ce propos, le Monde, et après lui toute la gauche et les médias, prétendent que l’arrêt du Conseil d’Etat va faire jurisprudence. Ils prennent leurs désirs pour la réalité. En effet, le Conseil d’Etat a statué en référé (une procédure anormale choisie par la Ligue des droits de l’homme et le Collectif contre l’islamophobie en France) et il n’a pu statuer sur le fond, donc énoncer un « arrêt de principe » susceptible de fonder une jurisprudence. En outre, il n’a statué que sur le seul arrêté de Villeneuve Loubet, non sur d’autres arrêtés pris en d’autres circonstances pour d’autres motifs.
Au Conseil d’Etat, les hommes du projet mondialiste
Disons un mot du jugement du Conseil d’Etat et des groupes qui l’ont provoqué. La Ligue des droits de l’homme est une organisation idéologique et politique dont les combats, depuis l’origine, comportent un biais systématique : c’est une boiteuse qui ne soutient que des causes de gauche et d’extrême gauche. Le Collectif contre l’islamophobie en France est une officine récemment créée pour aider à augmenter la pression immigrationniste. Quant au Conseil d’Etat, dont il faut rappeler qu’il est composé de magistrats en partie nommés les politiques et même pas toujours juristes, il est gagné à la cause mondialiste et l’a soutenue par tous les moyens d’aspect juridique en sa possession, depuis l’arrêt Gisti de décembre 1978. C’est la par cheville ouvrière du gouvernement des juges en France, l’organe principal de la spoliation du pouvoir du peuple français.
Cazeneuve refuse de voir ce qu’il y a sous le burkini
Les stratégies du Conseil d’Etat et des Anglo-saxons reposent sur un même stratagème : prétendre ne considérer en tout que le seul respect des droits individuels. Et refuser de voir qu’avec l’abattage rituel, l’imposition du hallal aux cantines, scolaires ou non, les horaires de gymnastique séparés, les piscines réservées, le voile, et maintenant le burkini, se compose, pixel après pixel, l’image de l’islamisation de la France. De ce point de vue là, Manuel Valls a raison, il s’agit d’un problème politique, et Nicolas Sarkozy a raison aussi, la république recule. C’est la conquête de l’espace public qui est en jeu. Aussi, puisque le Conseil d’Etat, verrou mondialiste, empêche toute limitation au burkini par les maires ou les collectivités locales, la logique veut que l’on légifère. Mais puisque le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, sur une ligne Juppé, joue l’apaisement, témoin la grande concertation d’aujourd’hui, et juge à l’avance toute loi en la matière « inconstitutionnelle », génératrice selon lui « d’irréparables tensions », la situation semble inextricable, complètement bloquée. Les uns invoquant la liberté de la conscience de chacun, les autres la réalité sociologique du terrain.
Invasion, religions et stratégies
C’est que la question n’est pas prise par le bon bout – volontairement. En effet, pourquoi l’islam pose-t-il un problème à la France : parce qu’on a laissé rentrer chez nous des millions de musulmans. C’est donc l’invasion la source de difficultés. Le remède paraît simple : il faut y mettre un terme. Mais il n’en est pas question. Pour satisfaire l’idéologie (grand mélange), l’argent (libre échange), la politique (destruction des nations), et la révolution des mentalités, l’homme nouveau avec sa nouvelle spiritualité.
L’invasion, en effet, permet à nos princes de nous soumettre à une alternative frelatée et classique, sur laquelle pèse la grande maxime de Jacques Chirac, « Il n’y a rien au-dessus de la loi civile ». Ou bien, comme Cazeneuve (et Mélenchon), on refuse de « stigmatiser l’islam », et on cherche à l’organiser en France « dans le respect des valeurs de la république ». Il sera une « religion comme les autres », et nous retrouverons notre « identité heureuse ». C’est la laïcité positive préconisée voilà douze ans par Nicolas Sarkozy dans son livre La République, les religions, l’espérance.
Avec sa tête à queue, Sarkozy rejoint Valls
Ou bien, comme Valls et Nicolas Sarkozy aujourd’hui, on invoque la laïcité à l’ancienne, 1901, 1905. Et l’on chasse le voile à l’université et dans l’entreprise, partout. Dans la foulée, Nicolas Sarkozy, très en verve et presque convaincant, comme chaque fois qu’il est en campagne électorale, a « élargi son propos » d’une manière qui est non seulement une inversion de sa stratégie précédente, mais aussi une sorte de révolution totalitaire. Il a lancé : « Nous ne voulons pas de signes extérieurs d’appartenance à une religion dans notre pays ». Dans le mouvement, cela semble s’appliquer à la conquête de l’espace public par l’islam. Mais pris au pied de la lettre, et c’est ainsi que ce genre de propos finit par l’être, cela veut dire que tous les signes extérieurs de religion doivent être retiré de l’espace public. Ce n’est peut-être pas pour demain, mais cela serait la fin des calvaires, des croix, des processions, etc. Vincent Peillon en avait rêvé, Sarkozy va-t-il le faire ?
Avec Cazeneuve, Valls ou Sarkozy, le projet mondialiste
A vrai dire, ce n’est pas très important. Le revirement à 180 degrés de Nicolas Sarkozy signifie que les deux méthodes se valent, qu’il n’y a pas, en la matière de vérité, que seuls comptent le moment dialectique et l’intérêt éventuel du candidat. L’important est que les peuples d’Europe se trouvent mis dans une alternative insoluble, qu’ils se trouvent soumis à la conquête de l’islam et peu à peu remplacés d’une part, et que toutes les religions, que ce soit par la laïcité rigide de la république, ou par la laïcité positive à l’anglo-saxonne, participent au projet mondialiste comme garde chiourmes voltairiens des hommes qui leur sont attachés. D’où la nécessité de chasser tous les dogmes, tous les « intégrismes », tout ce qui peut rappeler un contenu de foi. Pour faire des religions de simples habitudes sociales porteuses d’une vague morale, le néokantisme délayé de l’humanisme mondialiste. Par Valls, Sarkozy, Cazeneuve, Juppé, Mélenchon et les autres, leurs stratégies et leurs ambitions, on arrive au même projet indifférentiste, relativiste et totalitaire. Un chrétien, il n’est pas besoin de le dire, doit le combattre absolument.