Le Chiffre : 80 à 116

Chiffre 80 à 116
 

Cela nous avait échappé depuis un mois, mais c’est l’intervalle de tempo désormais officiellement fixé pour qu’une musique soit jouée ou diffusée en Tchétchénie : pas plus lente que 80 battements par minute, pas plus rapide que 116 battements par minute. C’est le président Ramzan Kadyrov lui-même qui en a décidé ainsi. Et le ministre de la culture, Moussa Dadaïev, chargée d’appliquer la chose, a expliqué pourquoi : « Nous devons apporter au peuple et à l’avenir de nos enfants l’héritage culturel du peuple tchétchène, qui comprend tout l’éventail des normes morales et éthiques de la vie des Tchétchènes. » Il a ajouté qu’il était « inadmissible » d’emprunter de la musique à d’autres. Les rares journaux qui en ont parlé chez nous ont fait des gorges chaudes de cette décision dictatoriale visant à interdire les influences occidentales qui exclut tout le techno actuel. On a bien sûr noté que l’hymne national russe, qui plaît tant à Kadyrov, est plus lent (76 battements par minute). Tout cela n’est pas faux mais revient à chercher la paille dans l’œil du voisin sans voir la poutre dans le sien. Deux questions se posent : de quoi doit s’occuper l’Etat, et comment doit-il protéger son peuple ? La République française qui encourage Bilal Hassani et qui se pâme devant l’Eurovision répond-elle bien à la seconde question ? Et la République française qui intègre dans sa Constitution le droit de massacrer les innocents répond-elle bien à la première ? Ce qu’il y a d’utile avec les dictateurs étrangers, c’est qu’ils réveillent par leur ridicule l’esprit critique qu’il serait bon que nous exercions sur les tyrans que nous nous sommes donnés.