Dans une violente charge contre l’urbanisme des années 1950 et 1960 au Royaume-Uni, le compositeur et impresario britannique mondialement connu, Andrew Lloyd Webber a dénoncé ceux qui ont préféré remplacer des œuvres architecturales abîmées par des immeubles contemporains, plutôt que de les restaurer. « L’urbanisme a fait plus de dégâts que les bombes de Hitler », a-t-il déclaré, visant plus précisément les efforts de reconstruction après le Blitz, la campagne de bombardements menée par les nazis au cours de la guerre de 1939-1945, qui sema la destruction dans de nombreuses villes du pays.
Ces déclarations font suite à l’incendie qui a ravagé le plus vieil hôtel britannique existant encore, le Royal Clarence Hotel à Exeter, détruit la semaine dernière par un incendie alors qu’il avait survécu à un bombardement allemand en 1942.
Andrew Lloyd Webber plaide pour le patrimoine britannique
Le réalisateur de Cats, Le fantôme de l’Opéra, Evita et autres comédies musicales estime que la ville d’Exeter a été défigurée au milieu du siècle dernier. « Après la guerre, comme dans tant de villes à cette époque-là, on a ouvert des rues immenses et ce qui restait des constructions anciennes a été rasé. Les urbanistes britanniques ont causé plus de dégâts à notre patrimoine au cours des années 1950 et 1960 que Hitler n’en a jamais faits », a-t-il lancé, accusant les urbanistes officiels d’avoir « oblitéré des villes entières ».
Il s’est exprimé en ces termes à l’occasion de la remise des prix de Historic England Angel Awards, financés par l’Andrew Lloyd Webber Foundation pour encourager tous ceux qui œuvrent à la conservation du patrimoine « en prenant soin de leur communauté et de son passé ».
Les dégâts des bombes de Hitler : moins dévastateurs que le saccage par l’urbanisme contemporain
Plusieurs prix cette année ont récompensé les particuliers qui ont donné de leur temps ou de leurs moyens personnels, qui pour récupérer un vieux Spitfire qui s’était crashé au cours de la Seconde Guerre mondiale, qui pour aider à reconstruire un hôpital abandonné, qui pour restaurer des immeubles vides dans leur ville.
Il appartient aux écoles d’apprendre aux enfants à connaître le patrimoine qui les entoure à fin de protéger l’héritage britannique, affirme Lloyd Webber : « Il s’agit que les gens soient conscients de ce qui se trouve à deux pas de chez eux. Les écoles locales doivent enseigner aux enfants l’architecture locale : à l’heure qu’il est, ils n’en savent rien. Je me promenais l’autre jour à Tamworth et un groupe d’enfants d’âge scolaire me suivait en me réclamant des selfies. Je les ai emmenés dans une église et je leur ai montré un vitrail, je leur ai dit ce que c’était, ils étaient très étonnés. Ce n’est pas du tout qu’ils n’avaient pas d’intérêt pour cela – tout d’un coup ils ont montré beaucoup d’intérêt : c’est que personne ne leur a jamais parlé de ces bâtiments. »
Reconquérir la culture et rendre les jeunes conscients du patrimoine dont ils ont hérité, cela vaut aussi bien pour la France que pour le Royaume-Uni.