La Fed augmentera ses taux… avec l’arrivée de Donald Trump ?

Fed augmentera taux arrivée Donald Trump
 
Ceci explique-t-il cela ? A quelques semaines de la prise de fonctions de Donald Trump à la Maison Blanche, l’événement qu’on nous annonce depuis des mois semble désormais imminent : la Fed augmentera ses taux, selon les analystes bien informés, au cours de la semaine qui vient de commencer. Ce serait la deuxième fois seulement en dix ans que la Réserve fédérale américaine procéderait à cette mesure aux conséquences lourdes pour le monde entier.
 
Des taux plus élevés pesant sur le dollar auront des conséquences, on le sait, à la fois pour l’économie américaine et pour les nombreux pays en voie de développement qui ont émis leur dette en dollars. Les fluctuations décidées par la banque centrale américaine, dont il faut rappeler qu’il s’agit d’un organisme privé et indépendant par rapport à l’Etat, ont des répercussions souvent prévisibles. Avec l’arrivée au pouvoir du républicain Trump, s’agit-il de les lui faire assumer ?
 
La remontée des taux était annoncée depuis plus d’un an et sans cesse repoussée à plus tard au motif que les chiffres de l’économie qu’elle n’était pas suffisamment solide pour supporter les conséquences d’une telle décision.
 

La Fed aura attendu l’arrivée de Trump pour augmenter ses taux

 
Aujourd’hui, on nous explique que la baisse record du chômage, la création rapide d’emploi concurrence de 180.000 par mois, la croissance qui dépasse les 3 % et une petite reprise de l’inflation rendent inévitable la montée des taux tant attendue, et ce d’autant que l’économie est en état de le supporter. Selon certains membres du Federal Open Market Committee (FOMC), la Fed perdrait même de sa crédibilité si elle ne procédait pas à un réajustement.
 
Ce que les bons chiffres américains peuvent avoir d’artificiel n’entre donc pas en ligne de compte. Après tout, cela aurait pu servir à l’élection de Clinton ; à défaut, l’annonce d’une bonne santé à l’orée de la présidence de Trump place la barre plus haut pour lui, alors qu’en même temps la montée des taux peut avoir des effets négatifs dès son arrivée au pouvoir.
 

Donald Trump face à la Réserve fédérale : pas un allié

 
La « normalisation » peut donc bien servir à des fins politiques et en tout état de cause elle pourrait être un signe annonciateur de bras-de-fer à venir, même si les analystes ne s’attendent pas à une nouvelle remontée avant juin 2017 au plus tôt.
 
Quelle sera la politique de Trump, au demeurant ? Les bourses ont clairement misé sur la libération de l’économie, la baisse des taxes et autres formes de stimulus fiscal pour s’orienter à la hausse, mais le président élu semble aussi vouloir multiplier les dépenses d’infrastructures au profit de la croissance et de l’inflation, et il faudra bien trouver l’argent quelque part. Ce qui porte l’agence de notation Fitch à annoncer que sous Trump, il est probable que la dette américaine augmente.
 
Le président de la banque de réserve fédérale de New York, William Dudley, qui est aussi vice-président du FOMC, estime pour sa part que les incertitudes sont très grandes par rapport aux mesures que mettra effectivement en œuvre Trump. Un analyste de Moody’s estime lui que l’augmentation de la dette aura pour corollaire une normalisation rapide des taux d’intérêt, donc de nouvelles hausses au cours de 2017.
 
On voit en tout cas qu’une belle part du pouvoir ne s’exerce pas à la Maison Blanche mais à la Fed.
 

Anne Dolhein