Au sommaire :
- Sotchi : cocorico story
- Pussy Riot : une création ex nihilo
- Mugabe, président tueur
- Ecotaxe : la République frappe fort
- Drones de dames
Sotchi : cocorico story
Trois Français ont réussi le triplé au skicross à Sotchi. Nos médias en profitent pour compter les médailles françaises, quinze avant le week-end, du jamais vu disent-ils depuis le début des Jeux olympiques d’hiver. On est content pour eux, mais une comparaison avec le passé permet de relativiser cette cocorico story.
La réussite de ces trois jeunes gens est remarquable, et la performance de la délégation française bonne dans l’ensemble. Mais elle ne justifie pas les superlatifs entendus dans les médias. Pour la raison que l’on compare des choses incomparables. En 1924 aux premiers jeux olympiques d’hiver à Chamonix, il y avait 16 épreuves, il y en avait 35 à Grenoble en 1968, il y en a 98 à Sotchi : du simple point de vue de l’arithmétique, il est équivalent de remporter 15 médailles à Sotchi et six à Grenoble.
Comparer Tartempion à Rod Laver
Et puis il y a la nature des épreuves. Ce n’est pas faire une injure au très méritant Martin Fourcade que de constater que sa discipline, le biathlon, compte six fois plus d’épreuves qu’à Grenoble, plus que le ski alpin. Et quand on a pensé à l’égaler à un Jean-Claude Killy, qui a remporté en 1968 les trois épreuves reines de la descente, du spécial et du géant comme l’avait fait l’autrichien Tony Seiler en 1956, c’est comme si on comparait au tennis le vainqueur du tournoi de Doah à Rod Laver, qui a remporté deux fois le grand chelem.
Les Français ne cessent de se dénigrer que pour se gonfler d’orgueil : le sport pourrait être une façon saine de se mesurer à la réalité. Et de ramener la cocorico story de Sotchi à ses justes proportions.
Pussy Riot : une création ex nihilo
Des jeunes filles russes ont profité des Jeux olympiques de Sotchi et de la niaiserie de la presse internationale pour faire parler d’elles : les Pussy Riot se sont plaintes d’être poursuivie par la police, sans donner d’autre contenu à leur message. Comme si leur ambition était juste la création ex nihilo d’un buzz.
A l’origine, les Pussy Riot, ce n’est littéralement rien, un groupe rock féministe sans grand talent qui s’inspire de prédécesseurs occidentaux. Mais, dans l’agit prop, elles vont lancer avant les Femen la mode trash, masturbation avec un poulet dans un supermarché, scène d’orgie non simulée au musée des beaux-arts de Moscou, avec une participante enceinte de neuf mois. Le train-train de la provocation facile et pornographique.
Profanation fondatrice
Leur grande « chance » fut en mars 2012 de profaner la Cathédrale du Christ sauveur à Moscou. Condamnées pour blasphème et dégradation, elles reçoivent un nombre impressionnant de soutiens du monde politique et du showbizzness, leur notice Wikipédia est amusante à consulter. A partir de ce moment, elles ont compris comment utiliser la communication : ne pas donner dans le gore agressif comme les Femen, mais au contraire se présenter en victimes du méchant Poutine et de la vilaine église orthodoxe. Elles en font parfois un peu trop, mais ça marche : ainsi se plaignent-elles de violences policières quand les forces de l’ordre « les prennent par les mains ». Presque aussi terrible que les vigiles de Notre-Dame qui ont « tiré les cheveux » des Femen. Autre détail important, elles continuent à mettre les cagoules qui sont leur costume de scène, comme si elles étaient contraintes de se masquer. Et elles affichent le visage doux et décontracté de leur figure dominante, Nadejda Tolonkonnikova. Encore un topique : un visage de madone pour une pouffiasse. Leur image est calculée pour envoyer un bon cocktail de signaux à la sensibilité publique : la femme, opprimée, le sexe, mais plus trop pornographique, et le politiquement correct. Avec ça elles sont suivies par tous les cameramen et reprises par toutes les rédactions. Il s’agit d’une création ex nihilo, mais aussi d’une pièce maîtresse dans l’imposition de la nouvelle morale mondiale.
Mugabe, président tueur
Robert Mugabe fête son quatre-vingt-dixième anniversaire. L’occasion de faire un bilan de ses trente-cinq ans de pouvoir au Zimbabwe. Après saint Mandela, on nous propose un héros de l’indépendance qui aurait mal vieilli. Mais c’est un président tueur qui a ruiné et divisé son pays.
Décidément, les experts internationaux ont la mémoire courte. C’est Ian Smith qui a proclamé l’indépendance du pays en 1965 et qui a fait sa prospérité jusqu’en 1979, date à laquelle il a dû céder le pouvoir à Mugabe, sous la pression de l’Angleterre et de la communauté internationale. Depuis 1980, date à laquelle Mugabe devint premier ministre, le pays a sombré dans la misère, le chaos et la dictature. Appartenant à l’ethnie Shonas, majoritaire, Mugabe a progressivement accaparé tous les pouvoirs et imposé sa loi par la terreur, la torture et à l’assassinat. Il a lancé une guerre civile qui a ensanglanté la province du Matabeleland en 1983. Les fermiers blancs qui assuraient 80 % du revenu national, ont été expropriés et persécutés. Ceux qui ne sont pas morts sont partis. Trois millions de Noirs ont été chassés. En 2005, 700.000 miséreux des bidonvilles ont été balayés de la capitale, Harare, et condamnés à l’errance. Cela a mené à des famines récurrentes, alors que l’ ancienne Rhodésie du sud, était jadis considérée comme le grenier à blé de l’Afrique ; à un chômage massif frappant trois adultes sur quatre ; à une inflation de près de 165.000 % par an en 2000. Même l’Union européenne a remarqué le « climat de peur et de désespoir » régnant dans le pays. L’ONU et Amnesty International ont condamné Mugabe, le président tueur pour ses atteintes aux droits de l’homme. Réélu en 2013 à la faveur d’élections truquées, Robert Mugabe s’apprête à promulguer une nouvelle Constitution, qui lui permettra de conserver le pouvoir jusqu’à son 99ème anniversaire. En 2008, il avait déclaré que « seul Dieu pouvait lui retirer le pouvoir ».