Trêve olympique : Macron, Poutine et l’histoire au service du mondialisme

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Interrogé par une journaliste ukrainienne, Emmanuel Macron a garanti qu’un cessez-le-feu en Ukraine serait demandé pendant la trêve olympique. Dimanche soir, après sa réélection, Vladimir Poutine a répondu à la question d’un journaliste à ce propos : « Je ne connais pas la déclaration du président français, mais nous sommes prêts à discuter de tout problème. » Très bien : un petit moment de répit dans les combats est toujours bon à prendre, mais il faut bien constater que les deux chefs d’Etat instrumentalisent la paix et la guerre au service du mondialisme. Un petit retour sur l’histoire de la trêve olympique le montre.

 

La trêve olympique souvent violée à travers l’histoire

Le dialogue est très court. La journaliste ukrainienne dit : « Demandez-leur de cesser le feu pendant les Jeux olympiques, ils doivent le faire », et Macron répond : « Ce sera demandé. » Mais, si depuis 1991, le CIO a décidé de ranimer la tradition antique de la trêve pour Jeux olympiques, elle n’a pas toujours été respectée. Le 8 août 2008, par exemple, le jour même de l’ouverture des jeux de Pékin, la Géorgie lançait son offensive en Ossétie du Sud. En février 2014, pour faire pièce à la révolution de Maïdan, la Russie annexe la Crimée en pleine période des jeux d’hiver, et huit ans plus tard, en février 2022, elle entre en Ukraine en pleine trêve olympique d’hiver. Ce qui est vrai pour les Jeux olympiques modernes l’était aussi pour les jeux antiques, ou la trêve était fréquemment rompue – la rupture la plus connue étant celle dont Sparte se rendit coupable en 420 av. J.-C. pendant la guerre du Péloponnèse. Comme les Spartiates refusaient de payer l’amende, ils furent exclus des Jeux.

 

Une trêve religieuse entre habitants d’un même monde

La trêve olympique était de nature religieuse, comme les autres trêves attachées à d’autres fêtes grecques, et les accrocs commis par l’une ou l’autre des cités importaient moins que le respect global des règles sacrées et le sentiment desdites cités d’appartenir au même monde. L’empereur chrétien Théodose supprima en 393 les rites et les lieux de cultes païens liés à l’olympisme, mais on ne sait pas avec certitude quand finirent les jeux. Bien plus tard, dans l’Europe chrétienne, des trêves de Dieu liées aux fêtes chrétiennes ont été instituées. Par un hommage du vice à la vertu, Vladimir Poutine en a respecté l’ombre les 6 et 7 janvier 2023 en cessant le feu deux jours de suite pour la Noël orthodoxe.

 

Macron et Poutine font partie d’un même mondialisme

Quant au projet de trêve olympique pour les jeux de 2024, il faut noter qu’un texte l’encadrant strictement a été voté l’Assemblée générale de l’ONU par 118 voix pour, zéro contre et deux abstentions, la Syrie et la Russie. Celle-ci protestait contre la suspension du comité olympique russe par le CIO en octobre 2023 pour avoir placé sous son autorité des régions d’Ukraine contestées, et contre l’interdiction du drapeau et de l’hymne russe. Tout cela fait partie de la controverse normale entre pays touchés par la guerre, et se fait sur un mode feutré : la Russie n’est pas exclue des Jeux et ne vote pas carrément contre. De part et d’autre on transgresse mais on parlemente. Les uns et les autres partagent la religion olympique, et agissent en membres d’un même monde. De même que la guerre en Ukraine, où Poutine joue le rôle de père fouettard, fait la pédagogie du danger des souverainetés nationales, de même la trêve olympique, où Macron tend la main et l’autre ne la refuse pas, fait-elle la pédagogie d’un mondialisme meilleur où tous les gars (et les filles) du monde pourront se donner la main.

 

Pauline Mille