A l’approche du sommet de Davos au début de 2017, le site du Forum économique mondial, weforum.org, publie une tribune pour célébrer la Journée internationale des migrants. L’idée est simple : certes, bien des migrants souffrent, chassés de leur pays d’origine par des circonstances dramatiques, privés de droits, privés de moyens. Mais l’essentiel est ailleurs : il s’agit bien d’une célébration, c’est-à-dire d’une manière de dire et de redire que la migration est un bien pour l’humanité et pour le développement. Rien n’y fait, les globalistes veulent continuer de persuader l’humanité tout entière que les déplacements de population sont nécessaires à la croissance et au bonheur de tous. Encore un peu, on nous dira qu’il est discriminatoire et raciste de parler de la « crise » des migrants.
La tribune porte la signature de Khalid Koser, directeur exécutif du GCERF, Global Community Engagement and Resilience Fund, basé à Genève. Le Fonds a été créé en 2014 à la suite d’une première annonce faite un an plus tôt par le secrétaire d’État américain John Kerry et le ministre turc des affaires étrangères Ahmet Davotoglu au quatrième Forum global du contre-terrorisme. Objectif : la lutte contre l’« extrémisme violent ». Avec 25 millions de dollars de promesses de dons à l’époque et la participation de l’Union européenne, c’est un organisme qui compte. Son directeur exécutif contribue régulièrement par des articles au site du Forum économique mondial.
La Journée internationale des migrants dans la perspective de Davos
Passons donc, comme il le fait, sur les évacuations difficiles, les noyades en Méditerranée, la crise des réfugiés au Proche-Orient et en Afrique subsaharienne. Notons avec lui qu’environ une personne sur 33 dans le monde aujourd’hui a quitté son domicile avec l’objectif, le plus souvent, de trouver du travail, une population vulnérable et exposée au trafic des passeurs. Khalid Koser ajoute :
« Des migrants ont été insultés et raillés à la fois par des candidats en campagne et par l’électorat au Royaume-Uni et aux Etats-Unis cette année. » Le décor est planté.
Mais Khalid Koser, exprimant le point de vue des grands de ce monde, poursuit :
« La journée internationale des migrants a au contraire pour intention de célébrer la migration, et il y a beaucoup à célébrer. Dans des pays du monde entier, des migrants hautement qualifiés continuent de donner l’impulsion à l’innovation et à l’entreprise ; les moins qualifiés remplissent des vides critiques dans le marché du travail. Les données sont claires : en général, les migrants emploient plus de gens qu’ils n’en privent de travail ; ils contribuent davantage aux systèmes de protection sociale qu’ils n’en tirent ; et ils créent de nouveaux marchés pour l’industrie nationale. Il n’est pas étonnant que la quasi-totalité des leaders de l’industrie prêts à s’exprimer se sont dits contre le Brexit. »
Le Forum économique mondial célèbre l’apport des migrants au multicultiralisme
Voilà qui contredit bien des études et bien des données sur le coût de l’immigration, au niveau de chômage des vagues de migrants actuellement constatés en Europe, et tant d’autres faits qu’il est politiquement incorrect de nommer.
Les migrants, poursuit Koser, « sont devenus le moteur principal du développement ». « La Banque mondiale estime qu’à eux tous, ils pourraient bien renvoyer à la maison une somme atteignant 600 milliards de dollars cette année : au moins trois fois la valeur de toute les aides au développement. » Bons petits soldats de l’ONU, les migrants contribueraient ainsi de manière « critique » au financement des Objectifs du développement durable.
Mais les migrants ont encore d’autres qualités. « Au-delà de leur impact économique et dans le domaine du développement, les migrants sont cause de cette diversité qui fait prospérer les sociétés multiculturelles, les cités globales et la culture contemporaine » : leur rôle est donc clairement de mettre fin à la civilisation de papa et on les en remercie.
Force est de reconnaître pourtant que tout n’est pas rose : Khalid Koser parle de « réelles inquiétudes » par rapport au nombre de migrants dans certaines municipalités mêmes dans certains pays. « Une xénophobie qui monte trouve ses racines complexes dans les inégalités de la globalisation, l’héritage de la crise financière globale, une inquiétude et une incompréhension viscérales de l’islam », déplore l’auteur.
« Certains migrants ont participé à des conspirations voire réalisé des actes terroristes cette année ; davantage sont des criminels ; davantage encore exploitent les systèmes de protection sociale. L’intégration reste un défi. Certainement, l’une des leçons de l’année qui s’achève est que, qu’elles nous soient sympathiques ou non, nous ignorons ces inquiétudes à nos risques et périls », reconnaît-il.
La migration et les migrants : des valeurs positives pour les mondialistes de Davos
Ce sera donc un des thèmes majeurs de Davos cette année : prendre en compte l’irritation populaire mais surtout la contrer. Parmi les « Global Future Councils » – les Conseils sur l’avenir global – qui se côtoient au sein du Forum économique mondial, celui sur la migration, que préside précisément Khalid Koser, se chargera de cette tâche. Il entend combler des lacunes dans le système international des migrations pour que celles-ci continuent sur leur lancée.
« La première, c’est le manque de patience politique institutionnelle pour supporter les défis à court terme de la migration en vue de réaliser ses bénéfices à plus long terme. La seconde concerne le manque de place pour un débat objectif qui ne se cristallise pas autour des pôles pro-migration et anti-migration. La troisième, c’est le manque d’occasions systématiques pour réunir les divers interlocuteurs qui peuvent aider à améliorer les résultats et la perception de la migration : gouvernement, municipalité, la société civile, le secteur privé, les médias, et les migrants eux-mêmes. »
On peut donc s’attendre dans les mois et les années à venir à une pression encore plus forte en faveur des migrations internationales, appuyée par les institutions mondialistes, les gouvernements et une presse toute acquise au politiquement correct.
C’est à cela aussi que sert Davos.