La cérémonie s’est déroulée à l’université catholique de Louvain : Angela Merkel a été faite docteur honoris causa à la fois par cette prestigieuse institution et par l’université de Gand (UGent) pour saluer sa lutte au service de la construction et des « valeurs » européennes. Un moment « fort en émotions », a indiqué le chancelier : c’est peut-être l’un des derniers endroits où l’on salue encore ouvertement sa volonté d’ouvrir l’Union européenne à la déferlante des migrants…
Les diplômes honoris causa ont été solennellement remis à la femme politique allemande pour saluer ses « efforts diplomatiques et politiques en vue de renforcer le poids politique de l’Europe et pour défendre les valeurs qui permettent à notre continent de trouver l’unité malgré une grande diversité ».
Angela Merkel, bon petit soldat des valeurs européennes
Un discours hors sol, tant le ressentiment à l’encontre d’Angela Merkel est grand, aussi bien dans les pays qui ont souffert ces dernières années du diktat européen sur leurs économies et leurs finances – notamment pour faire respecter les exigences allemandes – et à l’intérieur de ses frontières où les derniers scrutins ont montré le ras-le-bol de la population face à la politique d’accueil des migrants qu’elle a personnellement imposée – même si la décision ne lui est sans aucun doute pas personnelle…
Ces hauts lieux universitaires sont un terrain de rencontre des « élites » : c’est ici en tout cas qu’on peut lui rendre hommage pour avoir exécuté ce qu’ils favorisent
Lors de la remise de ses diplômes, et dans le contexte du Brexit qui dément l’optimisme des universitaires, Angela Merkel a demandé aux pays toujours membres de l’UE de renforcer leur solidarité, de plus en plus « importante » selon elle aussi bien pour les Etats que pour les citoyens. Face à Trump, elle a souligné que d’un autre côté, la coopération transatlantique ne dispose pas d’une « garantie éternelle » : « Aussi l’Europe doit-elle apprendre à assumer une grande responsabilité dans le monde. Ce ne sont pas seulement nos valeurs, mais aussi notre modèle social et économique qui doivent rester debout dans le monde », a-t-elle martelé.
Ouverture et socialisme, c’est ça ?
Docteur honoris causa de Louvain-lès-Luther King et de Gand-sur-Gandhi
En Belgique, les compliments adressés à Angela Merkel l’ont en tout cas laissé entendre. Les recteurs de Louvain et de Gand, Rik Torfs et Anne De Paepe qui s’exprimaient tour à tour pour la « laudatio », ont nommément désigné les paroles de Merkel face à la poussée des migrants aux frontières de l’Europe en 2015 : « Wir schaffen das » (« nous y arriverons »). Les deux universitaires l’ont dits : avec ces mots, Merkel pourrait bien s’être hissée au niveau des grandes figures historiques comme Martin Luther King, Rosa Parks, Gandhi et Mandela…
Ses mots ont témoigné selon Torfs et De Paepe d’une « orientation vers le bien simple et sans artifice ». « Repousser les frontières par tradition, et non par calcul politique, ou par un courage exceptionnel, ni sous la contrainte ou par activisme ou quoi que ce soit, mais simplement par tradition, parce que nous n’avons jamais rien fait d’autre que d’aider les gens. Voilà ce qui rend l’homme humain », ont-ils dit.
Belle confusion entre le devoir individuel et chrétien d’accueil de l’étranger, et la responsabilité politique qui porte, ils l’ont tous oublié, sur la protection du bien commun de la société.