Harmonium est un film intimiste nippon porté aux nues par la critique officielle en France. Il y a donc lieu de s’inquiéter, et ce d’autant plus que le réalisateur nippon a déclaré dans des entretiens à des revues de cinéma vouloir exprimer le supposé « caractère dépassé » de la famille, y compris donc au Japon. Un discours d’anarchiste européen, provocateur dans les années 1880, et devenu hélas la norme en Europe occidentale dans les années 1970, perce donc désormais aussi au Japon des années 2010. Le discours finirait par rejoindre une réalité : les Japonais sont de plus en plus massivement célibataires, et le taux de natalité est l’un des plus faibles du monde.
Harmonium, une œuvre de propagande absolument insupportable
Harmonium est donc un lourd exposé autour de cette idée détestable du réalisateur : montrer une famille dysfonctionnelle, sa décomposition morale, et son union formelle maintenue par une forme d’hypocrisie sociale. L’élément perturbateur, présent au début du film, est l’accueil d’un mystérieux vieil ami du mari. Petit entrepreneur, ce mari emploie cet ami à sa sortie de prison, et le loge même chez lui. Curieuse, sa femme questionne cet ami de moins en moins discrètement : il avoue avoir été un criminel, qui a passé dix ans en prison pour meurtre. Il est assez vite clair que le mari avait été son complice, et craint des révélations gênantes. Cette femme, par foi protestante démonstrative, décide pourtant de l’accueillir chez elle, désormais en connaissance de cause. Il est certainement bon d’aider à la réinsertion des prisonniers, mais accueillir un assassin à domicile est pour le moins risqué. Donc l’ex-prisonnier viole plus ou moins sa logeuse, qui paradoxalement apprécie – charge contre « l’hypocrisie » du couple – et assassine à moitié la fillette de 9 ans du couple, à qui il enseignait l’Harmonium – d’où le titre. Cette dernière survit de justesse, très lourdement handicapée. Il n’est plus question alors de foi protestante, apostasiée. La décennie suivante s’avère aussi pénible qu’interminable pour cette famille, comme le spectateur. Il est fortement question d’euthanasie, en principe encore impossible au Japon… Harmonium est une œuvre de propagande pour le pire, absolument insupportable. Le film n’est certes pas manqué sur le plan formel, mais là n’est pas l’essentiel.
Hector JOVIEN