Indiscutablement, Donald Trump a porté des coups contre l’establishment mondialiste, et en prépare de nouveaux, notamment contre le pouvoir exorbitant de la Réserve fédérale américaine, comme nous l’avons montré ici. Mais jusqu’où ira-t-il ? Et jusqu’où veut-il, peut-il aller ? Alex Newman du New American pose la question en apportant un début de réponse inquiétant : de plus en plus, Donald Trump s’entoure de responsables ou d’anciens membres du CFR (Council on Foreign Relations), groupement qui ne cache pas son soutien à la progression du mondialisme.
Les récentes nominations de Herbert McMaster comme conseiller à la sécurité nationale et du juge Neil Gorsuch à la Cour suprême – postes-clef s’il en est – en sont l’exemple. L’un comme l’autre sont des membres répertoriés du CFR, et ils viennent s’ajouter à d’autres nommés d’emblée par le nouveau président des États-Unis.
S’il est un groupe hostile au principe « Amérique d’abord », c’est bien le CFR, comme en a témoigné notamment feu l’amiral Chester Ward qui en fit partie pendant 16 ans avant de démissionner, écœuré. Il a pu dire : « L’objectif principal du Council on Foreign Relations est de contribuer à désarmer la souveraineté et l’indépendance nationale des Etats-Unis, en vue de tout submerger dans un gouvernement global tout-puissant », une volonté qu’il a constatée chez la plupart de ses membres.
L’administration Trump compte de plus en plus de membres du CFR
Les publications du CFR, parfaitement publiques, ne s’en cachent pas : en avril 1974, on pouvait y lire sous la plume de Richard Gardner, ancien adjoint délégué à la secrétairerie d’Etat, comment l’on pouvait espérer parvenir au gouvernement mondial : « En résumé, la maison de l’ordre mondial va devoir être construite de la base vers le sommet plutôt que l’inverse. Le court-circuitage de la souveraineté nationale, érodée morceau par morceau, parviendra à faire beaucoup plus qu’un assaut à l’ancienne. » Le magazine, souligne Alex Newman, fait régulièrement la promotion du gouvernement régional, de la guerre et d’autres atteintes à la souveraineté nationale.
Donald Trump, tant qu’il était en campagne, dénonçait la cabale en faveur du gouvernement global, s’engageant à mettre fin à ces manœuvres : « L’américanisme, et non le globalisme sera notre credo. » Ce fut le sens de son discours inaugural. Et il est vrai que son équipe compte beaucoup moins de globalistes au mètre carré que n’importe quel autre gouvernement récent des Etats-Unis, de droite comme de gauche. Tant les Bush père et fils qu’Obama et Clinton ont donné des centaines de postes aux membres du CFR. Mais la tendance récente à la nomination de proches du CFR par Trump inquiète même ses soutiens les plus convaincus.
La question se pose, écrit Newman : « L’Etat profond » – pour reprendre le nom donné par ses adversaires et par les médias à ceux qui exercent le véritable pouvoir, quels que soient les élus – « aurait-il trouvé le moyen de dicter sa conduite à Trump » ? Ou bien celui-ci ignore-t-il la volonté politique du CFR ?
Les liens de Gorsuch et McMaster avec le CFR
Ainsi Gorsuch, à qui le pouvoir de la Cour suprême va donner un rôle gigantesque dans le façonnage de l’avenir des Etats-Unis, a des qualités qui ont fait applaudir sa nomination par nombre de conservateurs attachés à l’indépendance américaine et au respect de la vie« mais parmi les membres du Parti républicain, même les « neocons » sont contents. A gauche, on souligne qu’il siège à droite mais sait écouter la gauche pour aboutir à une « vérité faite maison, quelque part au milieu ». Alors que son appartenance au CFR est attestée par la liste officielle des membres de l’organisation en 2008, la revue Foreign Policy a pris la peine de saluer son arrivée à la Cour suprême par la plume d’auteurs qui s’étaient fortement mobilisés pour Hillary Clinton.
Le remplacement de Mike Flynn comme conseiller national à la sécurité à la suite d’une campagne dont Newman se demande si elle n’a pas pu être orchestrée par l’Etat profond – elle était mise en œuvre en tout cas par les médias de l’établissement – par un autre membre du CFR, le lieutenant-général H.R. McMaster pose lui aussi question. C’est sans conteste un grand militaire, très aimé de ses hommes en outre, mais le site du CFR le fait figurer parmi ses membres à jour.
McMaster fait également partie de l’Institut International pour les études stratégiques de Londres (IISS), tout aussi globaliste, qu’il a rejoint il y a une dizaine d’années en tant qu’expert en « coopération multinationale et en intégration politico-militaire pour les opérations de contre-insurrection, de contre-terrorisme et de construction de l’Etat », précise le site de cet organisme. Il ne faut donc pas trop s’étonner de voir le « neocon » John McCain, lui-même membre du CFR, se féliciter de la nomination de McMaster, qualifié de « choix remarquable » pour le poste auquel il a été promu dans l’administration Trump.
D’autres membres de l’administration Trump sont membres du CFR : il en va ainsi de Robert Lighthizer, nouveau représentant commercial des Etats-Unis, et de la secrétaire aux transports Elaine Chao.
CFR, Bilderberg, l’IISS et autres globalistes de l’équipe Trump
D’autres encore sont issus du monde de la haute finance – on pense à Ed Mnuchin de Goldman Sachs, ou aux habitués du groupe Bilderberg (Rick Perry, secrétaire à l’Energie, James Mattis, secrétaire à la Défense), ou de la Commission Trilatérale de David Rockefeller.
Ces nominations sont-elles en quelque sorte destinées à faire la paix avec le Sénat, qui a la possibilité de récuser des candidats proposés par le président, pour pouvoir être plus libre par ailleurs ? Est-il seulement possible de s’en passer tout à fait ? Alex Newman l’envisage mais remarque qu’au point où nous en sommes « il semble qu’il y ait plus de créatures des marais à la Maison Blanche qu’on ne peut en supporter » – ces marais que le nouveau président a promis d’assécher… La question est de savoir quel sera leur degré d’influence sur un homme qui, jusqu’ici, semble décidé à imposer sa politique anti-globaliste dans nombre de domaines, depuis la mise au rebut des traités transatlantique et transpacifique jusqu’à la volonté de mise sous tutelle du pouvoir politique la Réserve fédérale.