En perdition voilà quelques mois, la gauche de Hollande s’est rétablie dans la campagne présidentielle en lançant des mots qui orientent et monopolisent le débat. En voici deux, le patrimoine et l’exemplarité. Ils pourraient cependant se retourner contre leurs utilisateurs, Macron en tête.
 
Quand François Hollande et Bernard Cazeneuve ont exigé l’exemplarité, qui visaient-ils ? Dans l’affaire Théo, les policiers ; dans l’affaire Pénélope, Fillon, dans l’affaire des assistants parlementaires à Bruxelles, Marine Le Pen. Ceux qui doivent faire preuve d’exemplarité, c’est vous, c’est moi, c’est la droite. L’exemplarité ne s’impose pas à Théo lui-même, il est exemplaire par définition, par construction pourrait-on dire puisqu’il vient d’une « banlieue défavorisée », d’un « quartier de la diversité ».
 

Fillon pris entre exemplarité et patrimoine

 
Même chose pour le patrimoine. Fillon possède un château dans la Sarthe. Et il fait de la course automobile, depuis qu’il est tout petit. On sait ce que cela veut dire. Il est né avec une cuiller en christofle dans la bouche, en plus il paraît que sa médaille de baptême est en vermeil massif, sa timbale et son rond de serviette aussi. Le patrimoine doit titiller l’imaginaire des masses que le système méprise mais dont il entend utiliser l’envie comme arme. Pensez donc ! Non content de rémunérer son épouse, cet homme a demandé un prêt de cinquante mille euros à un milliardaire sans le faire figurer sur sa déclaration de patrimoine ! Quelle noirceur !
 

Le pouvoir a choisi les mots de la campagne présidentielle

 
Le moment va-t-il venir où le populo dont on sollicite l’indignation va tourner celle-ci contre les bonimenteurs de faux scandales ? Oui, je pense, et plus tôt qu’on ne le croit. Car enfin, quel mal y a-t-il à demander un prêt de cinquante mille euros ? Comment déterminer avec précision combien de temps l’assistante de Marine Le Pen travaillait pour la présidente du FN et combien de temps pour la députée européenne du FN ?
 
Le populo n’est pas si sot que ne le croient les médias dominants. Il sait que les dossiers qui occupent la campagne présidentielle pour l’instant n’ont aucune importance. Ce qui compte pour lui c’est l’immigration et l’état de la France. Les mots exemplarité et patrimoine, il a bien senti, relevaient d’une embrouille du pouvoir.
 

Théo, Hamon, Macron, arroseurs arrosés ?

 
Déjà, pour Théo, c’est acté. Chacun sait désormais que l’exemplarité ne l’étouffe pas et que sa famille aurait bien arrondi son patrimoine en pompant une association de banlieue, selon les enquêteurs. Il reste maintenant à traiter le témoignage, non réfuté pour l’instant, comme quoi il aurait bien été violé, mais par des dealers, pour le punir d’exercer le métier d’indicateur.
 
En ce qui regarde la gauche, le grand décillement vient. L’exemplarité des candidats ? Ils clamaient à propos de Fillon qu’une mise en examen disqualifie celui qui s’en trouve frappé pour la campagne présidentielle : mais voilà Hamon mis en examen, et il n’a pas pour l’instant annoncé son retrait. Et Macron ? Lui, c’est beaucoup plus grave. Ce n’est pas un prêt de 50.000 euros qu’il n’aurait pas déclaré, c’est plusieurs millions qui semblent avoir disparu de son patrimoine, ou du moins de ce qu’il en a déclaré au fisc. Pas mal pour un ministre de l’économie et des finances ! Il faut croire qu’ils sont orfèvres en la matière, voir Cahuzac. Notez que c’est une constante historique, rappelez vous Fouquet, Enguerrand de Marigny. Heureusement, on ne pend plus les malhonnêtes gens, ni ne les enferme à Pignerol, qui est d’ailleurs aujourd’hui en territoire italien. Macron a donc une belle carrière devant lui. Il pourra encore acheter de jolies robes à Brigitte.
 

Pauline Mille