Dépassant largement l’attente des analystes économiques et de Wall Street, la création d’emplois aux Etats-Unis a connu un bond en février, avec une progression de 50 % supérieure aux prédictions. 298.000 emplois ont été créés en février, alors qu’on en attendait plutôt à 200.000. Cette croissance a été enregistrée dans tous les secteurs économiques, et notamment ceux de la construction et de la manufacture qui ont créé 106.000 nouveaux postes en 28 jours. Quand le bâtiment va, tout va !
 
C’est ce qui résulte d’un rapport commandé par ADP, une société de gestion des ressources humaines qui compte plus de 400.000 clients, et auquel a contribué Moody’s Analytics. Il s’agit d’une analyse de l’activité dont les deux entités ont eu connaissance au cours de février 2017.
 
Ces bons chiffres reposent sur la croissance de la construction, de l’industrie minière et de la manufacture, et s’accompagnent d’un nombre d’ouvertures de postes proche des records historiques, ainsi que d’un nombre de licenciements historiquement bas pour l’ensemble du marché de l’emploi.
 

Plus d’un demi-million d’emplois créés aux Etats-Unis en janvier et février

 
Mark Zandi, économiste en chef de Moody’s, commente : « La confiance joue un grand rôle. Les entreprises s’attendent à beaucoup de bonnes choses – une baisse des impôts, moins de réglementation. Elles embauchent de manière plus agressive. »
 
Ahu Yildirmaz, d’ADP, parle pour sa part d’une « augmentation telle qu’on n’en avait pas vu depuis des années ». Elle avait déjà été entamée en janvier : les statistiques pour ce mois avaient même été sous-estimées par Moody’s qui annonçait 246.000 nouveaux emplois : le rapport ADP-Moody’s estime que la création de postes a atteint en réalité 261.000. Bref, on dépasse le demi-million de nouveaux emplois en deux mois : si la tendance se poursuit, ce seront 3 millions de postes qui auront été créées à la fin de 2017.
 
LinkedIn Workforce Report affirme pour sa part que janvier et février auront été les mois consécutifs les plus forts pour la création d’emplois depuis août et septembre 2015. La question est de savoir s’il s’agit d’une « tendance » ou d’un événement isolé, mais l’organisation reconnaît que les promesses de baisses d’impôts et de démantèlement de nombreuses réglementations sont bien à l’origine de la confiance des entreprises qui embauchent. La recette de la création d’emplois n’est pas si difficile à trouver, finalement !
 

Bond spectaculaire de la création d’emplois : l’effet Trump ?

 
Les analystes ne parlent pas du phénomène Trump, cependant. L’arrivée du nouveau président s’accompagne d’une augmentation de la confiance généralisée, notamment celle des ménages, ce qui annonce une consommation renforcée. La confiance des consommateurs évaluée par l’université de Michigan montre une remontée de la confiance de 5 % d’une année sur l’autre en février 2017. « Au cours de ces trois derniers mois, l’index a été plus élevé qu’à n’importe quel moment depuis mars 2004 », souligne l’économiste en chef de l’université, Richard Curtin.
 
The New American estime que l’effet Trump est à la racine de cet optimisme. Et souligne que ces « attentes élevées » lui donnent une meilleure chance – trois fois mieux même – d’être un leader au-dessus de la moyenne, selon une étude de la faculté de gestion de l’université de Tel-Aviv. Tel autre analyste estime que les bons chefs « ont foi en eux-mêmes et ont confiance en ce qu’ils font, et ils croient fortement à leur capacité de développer les talents de leurs employés ».
 
Mais quelle que soit la psychologie du nouveau président des Etats-Unis, le plus important est sans doute sa volonté affichée de laisser la bride au cou des patrons, tout en protégeant les États-Unis par rapport à la concurrence – « America first ».
 
Et, il faut le dire, une économie américaine forte peut avoir des retombées très favorables pour le reste du monde.
 

Anne Dolhein