Au sommaire :
- Pisciculture afghane : l’hégélianisme culinaire
- La justice internationale, continuation de la guerre par d’autres moyens
- Obama, Poutine et le sens de l’histoire
- Sermon unique le vendredi en Egypte
Pisciculture afghane : l’hégélianisme culinaire
L’intervention occidentale contre les Talibans laissera au moins une trace : les Pachtounes, et les autres, ont appris à aimer le poisson. C’est un progrès ; l’hégélianisme culinaire fait partie en quelque sorte des droits de l’homme. Reste à pourvoir le marché : la pisciculture afghane en est à ses balbutiements.
Treize ans d’occupation étrangère ont donc donné des idées aux Afghans. Et le restaurateur de Jalalabad est formel, de nouveaux besoins. Le vieux proverbe chinois ne s’applique malheureusement pas, il ne suffit pas d’une canne à pêche ou d’un épervier pour s’en sortir. Il faut des centrales électriques, des subventions, une PAC locale, un Crédit Agricole afghan, pourquoi pas une intervention bruxelloise, pour établir la pisciculture afghane !
Droit à la cuisine internationale
De même que le Dönner Kebab doit être présent dans les rues de Villeneuve sur Lot, de même le mulet doit-il entrer un jour au menu des gargotes de Kandahar. L’histoire de la cuisine a un sens, comme celui de la guerre. Le droit de manger de la cuisine internationale est présenté comme un progrès, donc un devoir, ou plutôt, l’extension à toute la planète d’une offre de cuisine uniformément éclectique devient une ardente obligation. Qui entraîne derrière elle tout le barda de la production et de la distribution tel que l’entend l’Occident socialisant, ce que le plus petit bistrotier afghan a parfaitement compris. Et l’éleveur de truites qui se plaint de ne pas avoir encore de retour sur l’investissement de ses dix mille dollars n’a rien compris : en fait, son rôle est politique, c’est un précurseur, presque un prophète de l’hégélianisme culinaire.
La justice internationale, continuation de la guerre par d’autres moyens
Devant la Cour de La Haye, les Croates accusent de crimes de guerre les Serbes, affirmant que ceux-ci sont dans le déni : mais ils oublient leurs propres crimes afin de s’assurer un avantage politique, comme si la justice internationale était la continuation de la guerre par d’autres moyens.
Les combats qui ont suivi l’éclatement de la Yougoslavie ont été violents, et ont produit des crimes particulièrement odieux, parce qu’ils liquidaient soixante ans d’histoire atroce, depuis la constitution de la fédération, en passant par la seconde guerre mondiale et ses suites.
La Serbie du mauvais côté du tribunal
Aucune communauté n’en est sortie les mains propres : Croates, Bosniaques musulmans, Kosovars et Serbes ont brûlé, pillé, violé, massacré. La Serbie est diabolisée depuis vingt ans parce qu’elle représente la revendication nationale face aux découpages du Nouvel Ordre Mondial. La perpétuation d’une mémoire déformée que demande le ministre croate est moralement répugnante mais répond à la judiciarisation de la géopolitique qui désigne les méchants par la voie des tribunaux. La justice internationale est ainsi la continuation de la guerre par d’autres moyens, en même temps qu’elle commence à interdire le recours aux armes : car, aucun combat n’étant parfaitement propre, c’est l’utilisation des armes qui se trouve de fait peu à peu proscrit. Ce qui revient à donner la victoire et la puissance à celui qui possède les autres moyens de contrôle, les médias et la finance. Ici aussi, on retrouve le sens de l’histoire cher au trotskyste Obama, et, visiblement, la Serbie est du mauvais côté de l’histoire.