La Russie de Poutine se rapproche des talibans en Afghanistan

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“The New American”, site d’informations américain qui se distinguait naguère par sa dénonciation du globalisme collectiviste, continue de publier d’intéressantes analyses ; mais on est désormais surpris d’y trouver des articles très favorables au poutinisme, notamment sous la signature de nouvelles plumes comme Luis Miguel, très aligné sur le point de vue russe, qui commente un article sur le rapprochement entre les taliban et la Russie. Article fort instructif au demeurant. Mais s’il est vrai qu’il ne semble ni approuver, ni désapprouver la politique russe à l’égard de l’islamisme iranien, il est curieux qu’il ne contienne aucune appréciation de valeur, contrairement à ce qui se passe pour la plupart des papiers publiés par cette source. Appelons cela une bienveillante neutralité…

 

Les talibans d’Afghanistan, des islamistes fréquentables pour Moscou

« Les talibans sont peut-être des parias pour l’establishment géopolitique occidental, mais ils ne sont pas sans amis en haut lieu », écrit-il, citant une dépêche de l’Associated Press qui évoque une réunion organisée par la Russie avec des représentants des talibans pour discuter des menaces régionales vendredi. A cette occasion Moscou a affirmé qu’elle continuerait à fournir une aide à l’Afghanistan, à la fois par ses propres moyens et par l’intermédiaire de l’agence alimentaire des Nations unies.

Zamir Kabulov, représentant spécial du président russe Vladimir Poutine pour l’Afghanistan, était présent. Il assura que Moscou s’appuierait sur le Programme alimentaire mondial des Nations unies pour aider Kaboul.

La réunion donna lieu à la lecture d’une lettre du ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, où les nations occidentales étaient accusées d’avoir « complètement échoué » en Afghanistan et sommées de « supporter le fardeau principal de la reconstruction du pays ».

Dans le même temps, le ministre afghan des affaires étrangères, Amir Khan Muttaqi, a appelé les autres pays à cesser de dire à l’Afghanistan comment mener ses affaires. « L’Afghanistan ne prescrit pas de formes de gouvernance aux autres, et nous attendons donc des pays de la région qu’ils entretiennent des liens avec l’Emirat islamique plutôt que de donner des instructions en vue de la formation d’un gouvernement en Afghanistan », a-t-il déclaré vendredi depuis Kazan, en Russie.

 

Un message de Poutine présenté aux talibans d’Afghanistan

Ce faisant, il invitait « les touristes, les diplomates, les travailleurs humanitaires, les journalistes et les chercheurs » à se rendre en Afghanistan et à voir le pays de leurs propres yeux.

C’est depuis 2017 que Moscou organise des discussions de ce type avec les talibans et d’autres factions afghanes, ainsi qu’avec des représentants de la Chine, du Pakistan, de l’Iran, de l’Inde et d’anciennes nations soviétiques d’Asie centrale.

Selon l’Associated Press citée par Luis Miguel, « la Russie s’efforce depuis des années d’établir des contacts avec les talibans, bien qu’elle ait désigné le groupe comme une organisation terroriste en 2003 et ne l’ait jamais retiré de la liste. Tout contact avec de tels groupes est puni par la loi russe, mais le ministère des Affaires étrangères a répondu aux questions sur cette apparente contradiction en affirmant que ses échanges avec les talibans étaient essentiels pour aider à stabiliser l’Afghanistan. »

Jusqu’à aider et à soutenir le gouvernement islamiste actuel ?

La Chine a également cultivé des liens étroits avec les talibans, observe le journaliste du New American :

« Au début du mois, elle est devenue le premier pays à nommer officiellement un nouvel ambassadeur en Afghanistan depuis que les talibans y ont pris le pouvoir, et elle fait partie de ceux qui travaillent en étroite collaboration avec l’Afghanistan pour développer son secteur minier. Comme le rapportait The New American, les talibans affirment avoir signé des contrats d’une valeur de 6,5 milliards de dollars pour permettre à des entreprises chinoises, britanniques, iraniennes et turques de mener des opérations minières en Afghanistan.

« Tout cela intervient alors que la Russie et la Chine ont réalisé des percées majeures auprès d’un certain nombre de nations à travers le monde, dans le cadre d’une lutte d’influence diplomatique contre les Etats-Unis.

« Au début de l’année, la Chine a fait d’énormes progrès en négociant un accord rétablissant les relations entre l’Arabie saoudite et l’Iran, qui avaient été rompues en 2016 après l’exécution par le royaume sunnite d’un érudit chiite (l’Iran est une nation majoritairement musulmane chiite).

« Peu après, le roi Salman d’Arabie saoudite a signé des documents faisant de son pays un « partenaire de dialogue » au sein de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) de la Chine et de la Russie, qui met l’accent sur la défense et la collaboration économique entre ses membres.

« En outre, l’Arabie saoudite est également désireuse de rejoindre les BRICS, le bloc économique composé actuellement du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud, qui en retour l’a invitée à le rejoindre. Les BRICS disposent de leur propre banque, de leur propre système de paiement et de leur propre cadre de protection contre les pressions mondiales en matière de liquidités.

« Il semble que l’ordre international russo-chinois soit en pleine ascension, ce qui soulève des questions quant à la place future de l’Amérique dans les affaires mondiales. »

 

Anne Dolhein